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En Provence-Alpes-Côte d'Azur, l’industrie évolue… et manque parfois de candidats

Avec 8,7 % d'emplois industriels dans la région, la région Provence-Alpes-Côte d'Azur rassemble, entre autres, deux importantes filières : l’aéronautique et l’aromatique. Deux filières exemplaires des évolutions des métiers industriels. Tour d’horizon.

Publié le  23/05/2019

L’industrie en Provence-Alpes-Côte d'Azur : de belles perspectives

Avec plus de 400 000* emplois directs et indirects, l'industrie emploie 1 salarié du privé sur 3 de notre région et le salaire moyen dans ce secteur est supérieur d’1/3 à la moyenne régionale. Autre atout : les besoins en recrutement, qui sont estimés entre 90 000 et 110 000 postes pour les 10 prochaines années.

L’industrie représente 50 % du chiffre d’affaires à l’export de la région. Au niveau régional, 220 établissements du secteur comptent plus de 100 collaborateurs, même si le secteur concentre une majorité de PME. Ainsi, selon Thierry Chaumont, président de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) Alpes-Méditerranée : « 80% des entreprises industrielles de notre région sont des PME/PMI, mais il ne faut pas opposer grands groupes et petites entreprises ou start-ups. Les premiers ont fait leur révolution depuis longtemps et se sont numérisés, mais les autres sont souples et réactives ».

Des métiers qui ont beaucoup évolué

L’industrie est de plus en plus qualifiée. Ainsi, entre 2008 et 2013, seuls les emplois occupés par des diplômés de l'enseignement supérieur ont progressé (+ 7 %) dans le secteur. L’Observatoire régional des métiers (ORM) note aussi qu’entre 2009 et 2014, les postes d’ingénieurs et de cadres d’études ont progressé de 13 %. Au-delà de ces types de métiers, l’ORM précise que certains métiers sont « en tension structurelle », notamment les « ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal, les dessinateurs en mécanique et travail des métaux et les techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l’environnement. »

Les enjeux de numérisation, de relocalisation ou encore l’IA participent du dynamisme et de l’attractivité du secteur particulièrement pour les jeunes ingénieurs. Pour aller plus loin et accompagner le développement industriel il faut développer les formations adéquates et faire appel à de nouvelles compétences.

Une évolution que confirment Karine Barrault et Christine Delemazure, conseillères spécialisées à l’agence Pôle emploi de Grasse : « les métiers industriels ont évolué en intégrant une grosse part de numérique. Le travail ne se fait plus forcément à la chaîne. Par exemple, les conducteurs d’appareils travaillent sur informatique car il y a un grand besoin de précision et de minutie. » Les recrutements sont encore majoritairement masculins. Un constat qui peut s’expliquer par la représentation type des métiers industriels : difficiles et contraignants. Une représentation qui ne correspond plus à la réalité de l’intégralité de l’emploi industriel. Mais les choses bougent : on observe depuis peu une féminisation des emplois industriels, en particulier qualifiés. Ainsi, sur les dernières années, la hausse de l'emploi de cadres industriels est presque uniquement due à des emplois de cadres et ingénieurs occupés par des femmes.

L’aromatique et l’aéronautique : deux filières mondialement reconnues

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la filière aéronautique rassemble 10,6% de l’emploi industriel : 25 300 salariés y travaillent. Une filière qui concerne des métiers très divers : R&D, maintenance, production, commercialisation… avec une prédominance « des métiers ingénieurs et techniciens dans les bureaux d’études » précise Sylvie Buffaz, directrice d’agence.

Autre filière industrielle, riche en emplois : l’industrie aromatique, qui compte plus de 8 000 salariés du secteur privé. Toute la chaîne de valeur de l’arôme est présente sur ce bassin, avec des métiers spécifiques et innovants. Dans la région, la ville de Grasse et ses alentours concentre la moitié de la production d’ingrédients aromatiques de France. Les entreprises locales investissent beaucoup dans leurs capacités de production, que ce soit dans les parfums et les autres usages des arômes (médicaments, sirops...). Résultat : au moins 5 500 emplois sont présents sur la communauté d’agglomération de Grasse, soit 24 % des emplois marchands. Et les recrutements augmentent.

Au-delà de ces deux filières, l’emploi industriel en région est surtout porté par l’industrie alimentaire, la réparation et installation de machines. Localement, les départements des Alpes-Maritimes et des Alpes-de-Haute-Provence bénéficient surtout de l’emploi lié à l’industrie chimique. De leur côté, le Var et le Vaucluse profitent respectivement de la filière gestion de déchets (qui concerne les activités de collecte, de traitement et d’élimination) et de l’agroalimentaire.

Une recherche de « qualités professionnelles » plus que de diplômes

Bonne nouvelle : les recrutements sont ouverts au-delà des seuls diplômes. D’après Karine Barrault et Christine Delemazure, conseillères spécialisées à l’agence Pôle emploi de Grasse, les recruteurs recherchent en effet avant tout des compétences. Par exemple, « des personnes qui aiment travailler en équipe avec une curiosité et rigueur importantes ».

Elles ajoutent : « les entreprises ne recherchent pas de profil précis mais plutôt des qualités professionnelles. A partir de là, le recrutement est ouvert et l’évolution dans les métiers est possible.»  Une ouverture renforcée par le travail de sensibilisation et de formation qu’opèrent les acteurs régionaux de l’emploi.

Les entreprises ne recherchent pas de profil précis mais plutôt des qualités professionnelles. A partir de là, le recrutement est ouvert et l’évolution dans les métiers est possible.

Karine Barrault et Christine Delemazure
Conseillères à l’agence Pôle emploi de Grasse

Pour favoriser les recrutements, un patient travail de sensibilisation et de formation

Les industries du bassin marseillais recrutent régulièrement des opérateurs polyvalents de l’industrie, pour faire face au manque d’attractivité de ces métiers, Pôle emploi et ses partenaires de la formation et de l’emploi mettent en œuvre des dispositifs pour amener les demandeurs d’emploi à se former à ces métiers.

Des initiatives sur mesure pour répondre aux enjeux industriels du bassin marseillais


Pour faire face au manque de candidats, les acteurs publics et privés de l’emploi se sont associés pour lancer une « Master class industrie » et le dispositif Qualijob. Le principe : former à la maintenance industrielle des demandeurs d’emploi d'horizons différents avec une attention particulière portée à la mixité des promotions. L’objectif était de permettre une embauche dans le secteur et au sein du territoire. « La réussite de l’opération tient à un investissement de l’ensemble des acteurs du projet : les entreprises qui doivent recruter s’engagent à former les stagiaires, les opérateurs de la formation mutualisent leurs ressources, Pôle emploi réalise le sourcing des candidats et organise le job dating de fin de formation et, enfin, Aix-Marseille Provence Métropole et la Maison de l’Emploi coordonnent les différents acteurs », explique Stéphanie Chauvet, directrice de la Maison de l’Emploi et de la Cité des Métiers de Marseille.

Des contrats de professionnalisation sont aussi proposés pour certains postes, comme les opérateurs de fabrication dans l’industrie de l’aromatique. Concrètement : le bénéficiaire est une semaine par mois en formation et travaille les trois semaines restantes en entreprise. Pour repérer les candidats, le recrutement s’opère dans les agences Pôle emploi lors de sessions durant lesquelles des employeurs présentent les métiers recherchés.

Et demain ? Vers l’industrie du futur

La numérisation et la robotisation sont deux enjeux majeurs de l’industrie de demain. L’ingénierie numérique, la maintenance avancée, la Big data et les nouveaux matériaux sont par exemple concernés. Pour s’y préparer, 8,7 millions d’euros seront consacrés à la formation des métiers de l’industrie du futur en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Grâce au programme « Team Henri-Fabre », un projet public privé d’innovation industrielle, la région bénéficiera en effet de ces investissements pour former les travailleurs et demandeurs d’emploi à la réalité virtuelle, la fabrication additive, l’internet des objets, au big data ou encore aux nouveaux matériaux. Le programme permettra la création de 29 formations différentes, qui concerneront tous les niveaux d’études.

De son côté, Pôle emploi travaille d’ores et déjà avec les entreprises pour anticiper les recrutements et les ouvrir au plus grand nombre. « Nous travaillons sur les compétences transférables des métiers actuels vers les métiers du futur » explique ainsi Sylvie Buffaz, directrice d’agence. Comment ? « En amenant les entreprises à se poser les questions en termes de compétences pour définir les métiers qui n’existent pas encore. » Et Sylvie Buffaz de prendre l’exemple du métier d’usineur, qui voit son rôle évoluer avec le numérique, avec par exemple l’utilisation des imprimantes 3D.

Les chiffres clés de l’industrie en Provence-Alpes-Côte d'Azur

 

  • 56 177 recrutements en 2018
  • 13 004 offres enregistrées par Pôle emploi en 2018
  • 10 346 établissements du secteur privé à fin 2017
  • 147 929  salariés du secteur privé à fin 2017

Source : Accos et Pôle emploi

* Source : Chambre de Commerce et d'Industrie Provence-Alpes-Côte d'Azur