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L’emploi maritime : un potentiel méconnu à découvrir

Les métiers de la mer sont des emplois méconnus et en pleine expansion. Au niveau national, des énergies renouvelables à la recherche en passant par la pêche, une forte croissance du nombre d’emplois est attendue d’ici 2030. Et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur devrait en bénéficier à plein : le territoire est en effet la première région maritime française.

Publié le  14/01/2021

Les métiers de la mer, une forte croissance

Les enjeux du maritime sont reconnus aujourd’hui comme étant des enjeux mondiaux. La forte croissance économique du secteur marin devrait d’après le cluster maritime français s'accompagner d'une croissance du nombre d’emplois d’ici 2030. Les secteurs les plus porteurs ? Le bateau du futur et les énergies renouvelables maritimes, avec notamment l'éolien.

Aujourd’hui, les métiers de la mer représentent déjà 400 000 emplois directs au niveau national, avec des centaines de métiers différents.

Des métiers très divers, sur terre et sur mer

Si l’emploi marin est fortement concentré dans l’hôtellerie-restauration et les travaux en mer (80 % de l’emploi salarié de la filière), les métiers de la mer sont très divers – et parfois nouveaux. Voici un panorama des principaux secteurs concernés :

L’infrastructure et les ports. Ici, les métiers concernés sont les fonctions de gestionnaires de port, marins, pilotes, dockers, métiers de la logistique, etc. À l’avenir, les ports connectés vont ouvrir de nouveaux métiers, pas forcément connus aujourd’hui.

Le naval et le nautisme. Les métiers du nautisme et naval concernent la construction, la réparation et la maintenance de bateaux, que ce soit pour des navires civils, militaires ou de plaisance.

Les énergies, notamment les ressources énergétiques et minières marines : gaz, pétrole, minerais, pose de câble de télécommunications. Ces derniers métiers sont quasiment tous internationaux (basés à l’étranger). Les énergies renouvelables et biologiques marines (pêche) sont aussi pourvoyeuses d’emploi.

Les biotechnologies bleues, un secteur de recherche pure. Le but : étudier la faune et la flore marines pour créer des applications en santé, cosmétologie, agroalimentaire, etc.

L’environnement et l’aménagement du littoral. Des métiers qui consistent, par exemple, à inspecter la qualité des eaux, à analyser les risques courus par les côtes (érosion, submersion…), etc. Ce secteur concerne tous les types de profils. Par exemple, pour l’analyse des risques côtiers, les sciences humaines et sociales sont sollicitées : géographie, problématiques d’impact sur les populations, etc.

Le génie écologique côtier, qui est un secteur émergent. Un secteur qui concerne la restauration du milieu marin, notamment en termes de biodiversité.

A tous ces secteurs, il faut ajouter les chantiers navals, une filière en forte croissance. Les chantiers navals sont des zones spécialement aménagées pour la construction, la réparation, l’entretien, la déconstruction et l’aménagement de navires. Et ces chantiers nécessitent également des milliers d’emplois. Exemple à La Ciotat.

Le chantier naval de la Ciotat est un chantier qui touche autant la construction de bateaux que la maintenance et la réparation, avec un pic d’activité entre octobre et juin, période durant laquelle la maintenance et la réparation des navires sont réalisées. Au niveau de la construction de bateaux techniques en composite, des stratifieurs sont recrutés tout au long de l’année.

 

Sur ce chantier les métiers concernés sont notamment « tous les métiers du bâtiment qui se font sur un bateau », explique Sylvie Borel, conseillère entreprise à l'agence Pôle emploi de La Ciotat. Parmi ces métiers, on peut citer ceux de chaudronnier, soudeur, stratifieur, électricien, menuisier-charpentier et ébéniste.

De nouveaux métiers, mais aussi une « maritimisation » des emplois existants

Si certains métiers de la mer sont nouveaux et nécessitent donc une formation spécifique, il existe des métiers déjà existants qui peuvent migrer vers un métier marin. La solution : « maritimiser » ses compétences. Gwenaëlle Huang, conseillère spécialisée nautisme au sein de l’agence Pôle emploi Antibes explique ainsi qu’il y a deux possibilités selon les métiers.

Pour les métiers marins exercés à bord de bateaux, la transition peut être rapide. Un exemple : un cuisinier de la restauration traditionnelle peut embarquer sur un bateau, à condition de parler anglais et d’avoir passé un certificat de base à la sécurité, pour exercer son métier originel, mais sur un navire.

Pour les métiers marins exercés sur terre, il peut être nécessaire de se former. Un demandeur d’emploi ayant exercé le métier de carrossier peut par exemple tester une immersion professionnelle au sein d’une entreprise marine. L’employeur et le demandeur d’emploi pourront alors, pendant ces quelques semaines d’immersion, vérifier les compétences transférables d’un métier à l’autre. Une action de formation préalable au recrutement (AFPR) peut aussi être mise en place par Pôle emploi en complément. Concrètement : une formation définie ad hoc avec l’employeur, de manière à maximiser l’embauche du profil concerné.

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur, une région dynamique en emplois maritimes

En région Provence-Alpes-Côte d'Azur, l’économie maritime est plutôt spécialisée dans la réparation et maintenance. La base navale de Toulon, 1ère base navale militaire en Méditerranée où est maintenu 80 % de la flotte française, constitue notamment un grand bassin d’emplois. «Les zones d’emploi de Marseille - Aubagne et Toulon représentent les deux tiers des emplois et de la richesse dégagée maritimes de la région» confirme la direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi de la région.

Marseille est également à l’honneur : la ville accueille de nombreux chantiers de réparation de bateaux civils. Il y existe, d’après Patrick Baraona, directeur du pôle de compétitivité « Pôle Mer Méditerranée », une dynamique nouvelle qui n’existait pas il y a 10 ans encore.

Enfin, le département des Alpes-Maritimes est plutôt spécialisé dans le yachting, un domaine en forte croissance : l’activité y augmente de +5 à 10 % par an.

Un secteur poussé par une forte volonté politique et publique

Étant donné les perspectives, les organismes publics mettent en place des actions pour favoriser le développement du secteur. C’est le cas de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur qui a mis en place une opération d’intérêt régional (OIR) en faveur de l’industrie navale et maritime. Concrètement, il s’agit de « concentrer en priorité les financements et mobiliser l'ensemble des politiques concernées sur chacune des filières [économiques] d’excellence. » Pour ce qui concerne la filière maritime, la région s’est donnée pour objectif de « structurer la filière navale et maritime pour conquérir de nouveaux marchés. » 


Pour aller plus loin

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La filière maritime et ses métiers en région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Eclairages et synthèses

 

Avec 687 km de côtes, s’étalant de Menton aux Saintes-Maries-de-la-Mer, la filière maritime occupe une place importante dans l’économie littorale de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui se place comme première région maritime française selon l’INSEE. Les zones d’emploi de Marseille-Aubagne et Toulon représentent notamment les deux tiers des emplois et de la richesse de cette économie.