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L’Epide : des actions ciblées pour les jeunes décrocheurs

Dédié à l’insertion des jeunes décrocheurs sur le marché de l’emploi, l’Epide multiplie les projets pour consolider la sortie des volontaires une fois leur parcours effectué dans l’un de ses centres. Nouvelle offre de services, convention nationale avec Pôle emploi… Directrice Générale de l’Epide, Nathalie Hanet nous en dit plus sur l’action et les projets de l’établissement.

Publié le  24/01/2019

Comment fonctionne l’Epide aujourd’hui, et quelle est sa vocation ?

Créé en 2005 par le ministère de la Défense, l’Établissement pour l’insertion dans l’emploi dépend aujourd’hui des ministères chargés de l’Emploi et de la Ville. À la différence d’une école ou d’un organisme de formation, notre établissement se distingue par son originalité dans le paysage éducatif  et de l’insertion : celle de dispenser, dans un cadre d’inspiration militaire, un programme global d’insertion sociale et professionnelle, avec comme pierre angulaire, l’éducation à la citoyenneté.

L’organisation s’adresse à des jeunes volontaires de 18 à 25 ans en décrochage scolaire, peu ou pas diplômés, en situation de chômage ou en rupture sociale ou familiale. Chacun d’entre eux intègre un internat, porte une tenue uniforme et partage une chambre collective dans un des 19 centres que compte l’Epide aujourd’hui. Notre objectif : leur permettre d’acquérir une base solide de savoir-être et de compétences pour se préparer à l’emploi ou à une formation qualifiante.

Notre offre de services est le résultat d’une refonte totale engagée entre 2016 et fin 2017, sous le prisme d’un nouveau projet pédagogique. Nous présentons désormais 7 référentiels métier. Elle est aujourd’hui bien identifiée et intégrée dans un processus d’amélioration continue via les retours d’expérience terrain de nos équipes et des besoins des jeunes, dans l’objectif d’une approche toujours plus efficace.

 

Près de 40% des jeunes de l’Epide ont arrêté au collège ou ont tenté un CAP qu’ils n’ont pas obtenu.


Quel est le profil des jeunes qui vous rejoignent ?

Près de 40% de ces jeunes ont arrêté au collège ou ont tenté un CAP qu’ils n’ont pas obtenu. L’école étant obligatoire jusqu’à 16 ans, les volontaires ont donc souvent deux ans et plus de « galère » derrière eux. D’autres ont poursuivi leur cursus, mais sans construire de projet précis, alternant des périodes de petits boulots ou d’attentisme. Lorsqu’ils découvrent la solution Epide et qu’ils décident d’être « volontaires », nous déployons alors les moyens de construire leur parcours et de le mettre en œuvre. Ces jeunes manquent le plus souvent de confiance en eux ; outre la posture bienveillante et structurante des agents, nous leur montrons qu’ils peuvent être utiles et réaliser quelque chose de bout en bout. 

 

Comment font-ils connaissance avec l’Epide, et quels sont vos leviers de recrutement ?

Le premier vecteur est le bouche à oreille, près de 40%. Ce sont principalement les jeunes qui recommandent à d’autres de venir, ou bien des adultes de leur entourage. Il y a ensuite les missions locales, moins de 25%, puis les médias et les réseaux sociaux, dont la puissance de frappe augmente grâce au développement de notre communication digitale. Nous avons observé des bonds d’inscriptions de 30% après chaque campagne. Pôle emploi représente environ 10% des leviers, à l’instar des Journées de la Citoyenneté (JDC) et des Centres de Recrutement des Armées (CIRFA).

 

Quelles certifications les jeunes peuvent-ils obtenir en cours de parcours ?

Un certain nombre de certificats ou certifications sont proposés aux volontaires, comme le CACES (certificat à la conduite en sécurité) pour la conduite d’engins de manutention, typiquement très utiles. Ceux qui veulent faire de l’animation passent le BAFA. Tous passent un diplôme de formation aux premiers secours et l’attestation de sécurité routière en amont du code et du permis que l’on peut accompagner.

Certains passent également le Certificat d’enseignement général (CFG), un diplôme de formation aux premiers secours ou encore un diplôme qui atteste de l’acquisition de compétences informatiques. L’ensemble de nos référentiels étant basés sur une pédagogie visant l’acquisition de compétences, nous travaillons également avec l’Afpa afin de délivrer à l’issu du parcours un certificat de connaissance et de compétences de base valable dans tous les secteurs d’activité (CLéA).

 

Nous observons depuis l’automne une multiplication des sollicitations de la part de Pôle emploi auprès des centres pour mettre en place des conventions régionales, ou organiser le partenariat localement.


Comment renforcez-vous la relation des jeunes à l’entreprise ?

Il y a dans chaque centre un conseiller en insertion professionnelle pour 30 jeunes, et un chargé de relation entreprise (deux dans les plus gros centres). Celui-ci prospecte sur un spectre large d’entreprises pour faciliter les recrutements et les entrées en stage des volontaires. En parallèle, une découverte de l’entreprise est proposée aux volontaires durant les premiers mois et les entreprises viennent dans les centres présenter leurs métiers.

Un certain nombre d’exercices sont également mis en œuvre pour aider les jeunes à identifier la variété des univers professionnels, ouvrir leur horizon, en mettant évidemment l’accent sur des métiers/secteurs qui recrutent le plus dans les territoires. Une autre partie de la démarche consiste à amener les jeunes à construire leur projet professionnel, certains n’ayant pas la moindre idée de ce qu’ils veulent faire à leur arrivée. Ce projet se doit d’être réaliste... de correspondre à leurs appétences, leurs compétences. Un projet pour lequel ils ont de vraies chances d’être recrutés.

 

Quels sont les secteurs d’activité les plus porteurs ?

Principalement les secteurs de l’hôtellerie, le BTP, le commerce et la logistique, la sécurité (publique et privée) et les transports… dont les métiers n’exigent pas toujours de prérequis élevés en termes de niveau initial de compétences. Cela participe de notre promesse faite aux employeurs, qui consiste à préparer leur futur salarié et leur garantir un candidat fiable, sérieux, responsable, investi, capable de s’intégrer dans un collectif de travail.

 

Êtes-vous satisfait du taux d’insertion?

L’Epide réussit à insérer un jeune sur deux, selon la moyenne de l’établissement, sachant que l’on considère comme sortie positive tout l’inscription en formation qualifiante ou la signature d’un contrat de plus de deux mois et plus qu’un mi-temps. Les centres qui déploient parfaitement l’offre de services atteignent quant à eux un taux de 60%, avec une pointe à 68% l’année dernière, pour notre grande fierté.

Cette année, au regard des résultats provisoires, la moitié des jeunes employés sont en emploi durable, sur plus de 6 mois ou en CDI. Dans le lot, il y a des contrats d’apprentissage et des contrats pro. Nous suivons les jeunes jusqu’à 3 mois après leur départ. Certains, qui n’avaient jamais bénéficié de regard bienveillant de leurs proches, développent des liens avec les agents qui sont dans une démarche positive, engageante et réconfortante. Ce suivi est déterminant. 

 

Comment se déroulent les échanges de l’Epide et Pôle emploi ?

Les échanges Epide/Pôle emploi se déroulaient assez spontanément avant la signature de notre convention nationale. Dans les régions Bourgogne Franche-Comté, Pays-de-Loire, Basse-Normandie et Bretagne par exemple, les pratiques de travail ont débouché dès 2013 sur la signature de partenariats locaux. Dans cette veine, l’Epide a sollicité la Direction générale de Pôle emploi dans l’idée d’insuffler une dynamique plus globale. Cette démarche a abouti à la signature d’une convention nationale en avril 2018, dans l’objectif de mettre en place un parcours d’accompagnement pour les jeunes sans emploi afin de faciliter leur insertion sociale et professionnelle.

Nous observons depuis l’automne une multiplication des sollicitations de la part de Pôle emploi auprès des centres pour mettre en place des conventions régionales, ou organiser le partenariat localement. Des partenariats élargis seront d’ailleurs signés à Bordeaux et en Normandie, ce qui permettra aux centres d’être identifiés par un nombre plus large d’agences et de renforcer les collaborations. Dans un premier temps, il est important que les agences comprennent bien notre dispositif et notre offre de services, et inversement. Des informations collectives peuvent être organisées par les agences au profit des jeunes demandeurs d’emploi pour les faire connaître. Cette collaboration voulue efficace et pérenne vise à s’étendre dans le cadre du parcours des volontaires, afin d’aboutir à des prestations de services complémentaires aux nôtres au profit des jeunes, pour consolider in fine leur sortie. 

 

Projets de développement de l’Epide

 

Depuis 2015, l’Epide a augmenté de 35% sa capacité d’accueil. Un nouveau centre a ouvert à Toulouse, tournant à plein avec 150 places. Parmi les projets de développement, l’organisation prévoit l’ouverture d’un 20e centre à Arles (Gard) début 2021, et un 21e centre en Seine-Saint-Denis (début 2022). Le déménagement d’un centre dans le Maine-et-Loire est également autour d’Angers, ainsi que l’agrandissement d’un centre en Bretagne (de 120 à 150 places). Ainsi, de 2 805 places actuellement, l’EPIDE comptera, début 2022, 3210 places.

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