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« Dans le « Care », l’embauche va se poursuivre de manière significative »

Mobilisés aux côtés des plus fragiles, les professionnels du « Care » (services à la personne) ont démontré toute leur utilité durant la crise sanitaire. Cette reconnaissance sera-t-elle un atout pour recruter dans « le monde d’après » ? Dans quelle mesure ce secteur sera-t-il créateur d’emplois ? Rencontre avec Jean-François Auclair, Directeur général adjoint de O2 Care Services, le N°1 des services à domicile en France.

Publié le  28/05/2020

Quel a été l’impact des deux mois de confinement sur l’emploi dans le secteur du « Care » ?

Durant le confinement, notre secteur qui est l’un des 3 plus importants pourvoyeurs d’emplois en France n’a quasiment pas recruté. Chez O2 Care Services, seule une quinzaine de personnes nous a rejoint en avril, contre 300 à 400 habituellement. Il s’agit essentiellement d’auxiliaires de vie. Les métiers de la dépendance ont bien résisté et nous avons pu maintenir 90 % de leur activité. Un très grand nombre de clients étant contraints de rester chez eux, les activités de garde d’enfants et d’entretien à domicile ont en revanche quasiment été à l’arrêt pendant cette période.

Maintenant que le déconfinement a été amorcé, nous travaillons à la reprise de nos activités, reprenons contact avec nos clients et nos salariés, anticipons la constitution d’un vivier de recrutement, avec la rentrée scolaire de septembre en ligne de mire. C’est un temps fort très important dans nos métiers. C’est là que devrait se situer le vrai rebond.
 

Vos métiers devraient donc faire partie de ceux qui créeront à nouveau des emplois dans le « monde d’après » ? 

Une dynamique va se créer autour des métiers de la dépendance. Le rôle des auxiliaires de vie, qui interviennent auprès des publics fragiles, a été mis en avant de manière positive par les médias pendant la crise sanitaire au travers de plusieurs reportages. On peut espérer que cela suscite un regain d’intérêt et des vocations dans un métier en tension, où il n’était jusqu’ici pas facile de recruter. Indépendamment du COVID, les besoins sont permanents sur l’ensemble du territoire pour accompagner les personnes âgées, du fait d’une population vieillissante dans notre pays, et les personnes en situation de handicap ou en incapacité temporaire.

Concernant nos autres métiers -garde d’enfants et entretien à domicile-, nous tablons sur le fait que nos clients ne restent pas éternellement en télétravail. Nous ne savons en revanche pas dans quelle mesure leur pouvoir d’achat sera impacté par la crise économique. Le secteur devrait pour autant poursuivre un niveau d’embauche très significatif. Au total, notre entreprise pense réaliser, tous métiers confondus, environ 2000 recrutements à la rentrée, dont 1200 dans la garde d’enfants et environ 400 aussi bien dans la dépendance que l’entretien à domicile. 
 

Quels défis se profilent sur le terrain de l’emploi ?

Ils sont multiples dans nos métiers, qui peinaient jusqu’ici à recruter. Même si la bonne image renvoyée pendant la crise va nous y aider, nous devons continuer à développer notre attractivité. Sur le terrain de l’emploi, notre « principal concurrent » reste le travail non déclaré. Pendant le confinement, de nombreuses personnes ayant fait ce choix se sont retrouvées sans assurance chômage. En mai, notre fédération professionnelle a donc lancé une campagne de sensibilisation, afin de faire prendre conscience que travailler dans l’emploi déclaré pouvait apporter un vrai confort dans une période incertaine comme celle-ci.

Au-delà de recruter, il faut aussi fidéliser les effectifs, limiter le turn-over. C’est la raison pour laquelle, chez O2 Care Services, tous nos intervenants sont recrutés en CDI. Dans nos métiers, où les salaires représentent 80 % des charges fixes, les marges restent très faibles. S’il est difficile de jouer sur les rémunérations, nous pouvons améliorer le pouvoir d’achat au travers d’avantages en nature : véhicules, barème de remboursement kilométriques, participation et intéressement aux bénéfices… Dans notre entreprise, nous donnons aussi des perspectives de carrière à travers la formation et la promotion interne. 30 % de nos encadrants sont issus de nos rangs.
 

Quelle est la philosophie de votre groupe en matière de recrutement ?

Chez O2 Care Services, la compétence et les aptitudes priment avant toute chose dans nos recrutements. Dans le domaine de l’entretien du domicile, on cherche d’abord des personnes qui ont une appétence pour le métier. Dans la petite enfance ou la dépendance, où des diplômes ou une expérience sont demandés, nous savons accompagner des personnes motivées ou en reconversion, au travers de dispositifs de formation assez poussés. Nous mettons tout en œuvre pour lutter contre toute forme de discrimination. Nous avons d’ailleurs été récompensés à plusieurs reprises par la Charte de la Diversité.

En plus d’être une entreprise « handi-accueillante », nous comptons plus d’une trentaine de nationalités au sein de nos effectifs. Les plus de 50 ans représentent, quant à eux, plus de 17 % de nos embauches, ce qui est bien plus que la moyenne nationale. La mixité est également un enjeu fort, dans des métiers exercés à 98 % par des femmes. Nous mettons en place des campagnes pour combattre certains stéréotypes, et ainsi recruter davantage d’hommes. Mais encore énormément de chemin reste à parcourir pour faire évoluer les mentalités. 
 

Quels moyens privilégiez-vous pour recruter ? 

Nous diffusons nos offres sur notre site internet, les « job boards », les réseaux sociaux comme Facebook et LinkedIn, ainsi que sur le site de Pôle emploi, qui est notre principal partenaire. Nous sommes sur des métiers très opérationnels, où le geste et la pratique ont toute leur importance. Dans nos agences, nous testons les aptitudes des candidats, par exemple à repasser ou encore à garder des enfants. Avec Pôle emploi, nous organisons aussi des séances de recrutement, qui s’appuient sur la MRS (Méthode de Recrutement par Simulation). C’est un outil intéressant car il facilite le recrutement de personnes sans diplôme sur la base de leurs aptitudes et savoir-être. Toujours avec Pôle emploi, nous avons énormément recours à la Période de Mise en Situation en Milieu Professionnel (PMSMP).

Ce dispositif nous permet de faire découvrir à nos candidats la réalité de nos métiers, de fiabiliser nos recrutements et de limiter le « turn-over ». 70 % de nos recrutements sont d’ailleurs réalisés suite à cette immersion en situation professionnelle. 
 

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