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« Contrairement aux idées reçues, très peu de métiers de la filière nautique sont des métiers embarqués. »

Créée en 1964, la Fédération des Industries Nautiques (FIN) a pour vocation de défendre, représenter et promouvoir les métiers de la filière nautique française, en France et à l’international. Rencontre avec Eric Mabo, Délégué général adjoint, pour faire le point sur les perspectives et l’emploi de la filière.

Publié le  02/04/2021

Que représente la filière nautique ?

La filière nautique est composée d’une partie industrielle, qui assure la production des bateaux de plaisance et l’équipement des bateaux et des marins, à laquelle s’ajoute une activité de services, à savoir, le négoce, l’entretien, la maintenance ou encore les assurances.
La France est le leader mondial des voiliers, avec notamment deux acteurs majeurs que sont le Groupe Beneteau et Fountaine-Pajot-Dufour, et est très bien placée sur le marché des bateaux à moteurs, notamment les pneumatiques. Ce sont les Italiens qui dominent le marché des bateaux à moteurs, sur le segment des 20-40 m et les pays d’Europe du Nord sur celui des plus de 40 m. 
 

Comment se porte l’industrie nautique ? 

L’industrie nautique va bien, elle a retrouvé en 2018 les résultats et le niveau de production de 2008, dernière année avant la crise financière suite à laquelle la production française de bateaux de plaisance a été divisée par 2, quand d’autres pays, comme les Etats-Unis, l’Italie ou la Grande-Bretagne, ont vu leur activité baisser de 70 à 80%. Il aura fallu 10 ans pour que le secteur reprenne des couleurs. En 2018, la filière nautique a réalisé un chiffre d’affaires de 5,08 milliards d’euros, regroupé 5 532 entreprises et exporté 76,4% de la production. En termes d’emplois, la filière en totalise 42 930, avec 30 à 35 métiers différents.
 

Quels sont les changements qui ont marqué la filière ?

Le digital a profondément modifié la façon dont les bateaux sont conçus et construits. Les techniques de construction ont beaucoup évolué. Les industriels nautiques sont des entreprises qui emploient des techniques modernes et pleinement engagées dans la transition écologique. Les usages ont également évolué : alors que la propriété était l’ADN de la plaisance en France, la location devient une tendance de fond. Pour résister à la crise, les fabricants se sont intéressés à ces nouveaux usages et aux attentes des plaisanciers, ils ont innové et profondément renouvelé leur gamme ; certains se sont regroupés pour être plus puissants et mieux occuper le marché. Il n’y a pas eu d’impact négatif sur l’emploi car il faut bien construire les bateaux pour répondre à la demande de la clientèle. 
 

Comment évoluent les métiers ? 

Les procédés de fabrication et les outils de production ont beaucoup progressé mais l’intervention humaine reste prépondérante. Les bateaux peuvent faire l’objet d’une personnalisation, par exemple un voilier de 40 pieds est proposé avec plusieurs choix d’aménagement de cabines ; cela fait naître des nouveaux métiers comme les optionneurs, qui adaptent l’aménagement du bateau en fonction des souhaits du client. Il y a de plus en plus d’électronique dans les bateaux, de plus en plus d’équipements de confort ; il faut savoir monter et entretenir ces équipements, les outils d’assistance au pilotage, le bateau doit être conçu pour supporter cette consommation d’électricité supplémentaire : les métiers d’électricien et de mécanicien ne sont plus les mêmes qu’il y a quelques années.
 

Quelles sont les perspectives des emplois de la filière nautique aujourd’hui ? 

La filière connaît un rythme d’embauches en croissance de 3% depuis 2-3 ans, elle recrute 1 000 CDI par an, dont 600 dans la production. Et pourtant, les industriels sont confrontés à des difficultés pour recruter ; tous nous le disent ! Il existe plusieurs raisons à ce manque d’attractivité : le secteur industriel ne fait pas rêver, il y a une méconnaissance des métiers et les entreprises sont souvent situées sur le littoral, éloignées des grands bassins urbains où d’autres entreprises d’autres filières se sont implantées. 
 

Y a-t-il des métiers en tension dans la filière ? Quelle image renvoient les métiers nautiques ?

Les entreprises de construction nautique recherchent des ouvriers, et des ouvriers qualifiés dont le niveau de qualification se situe entre le CAP et le Bac professionnel pour la fabrication : opérateur matériaux composites, menuisier, électricien, mécanicien, accastilleur... Pour la maintenance, elles ont besoin de techniciens et techniciens supérieurs, avec des compétences plus larges, pouvant travailler avec plus d’autonomie. La formation existe – avec notamment 12 certificats de qualification professionnelle délivrés sur l’ensemble de ces métiers –, les emplois existent, mais la filière peine encore à attirer : parce que l’industrie a une image peu porteuse en France, et parce que, dans la tête des gens, notamment des jeunes, il peut s’agir d’emplois embarqués, synonymes d’éloignement. Pour les attirer, il faut être séduisant, par les métiers qu’on propose, par les carrières, par les rémunérations.
 

Quelles sont les différentes stratégies mises en place pour valoriser la filière et attirer notamment les jeunes ?

Notre programme s’appuie sur 4 axes. Premier axe, la promotion des métiers ; pour combler le déficit d’image, nous multiplions les initiatives de promotion des métiers. Il y a celles pilotées par la FIN et la Branche et celles réalisées par les entreprises. Nous créons des conditions de rencontre sur nos territoires pour que les gens découvrent l’industrie nautique et ses métiers, et qu’ils s’imaginent y faire un bout de chemin professionnel ; nous collaborons avec l’Education Nationale, nous travaillons en étroite collaboration avec les Campus des métiers nautiques, nous intervenons dans les collèges et les lycées. Nos meilleurs prescripteurs seront alors les professeurs et les conseillers d’orientation ! Si nous cherchons à recruter des jeunes, il faut leur parler avec les moyens qu’ils utilisent : nous sommes plus pertinents avec un support digital qu’un support papier ou avec une vidéo sur YouTube qu’un salon.

Le deuxième axe est la réforme de la politique de formation conduite par la Branche pour une plus grande adaptation aux besoins des entreprises et du marché du travail. Le troisième axe consiste à développer des partenariats actifs avec les autres filières des industriels de la mer, les Campus, les grands opérateurs français de la formation professionnelle, Pôle emploi notamment. Quant au dernier axe, il repose sur une réforme et une modernisation de notre convention collective.
 

Avez-vous des exemples de collaboration avec Pôle emploi ?

Nous participons à des opérations comme celles organisées par Pôle emploi pour la semaine de l’emploi maritime. Avec les agences locales de Pôle emploi et les entreprises, nous organisons des rencontres, des forums de présentation des métiers ou des visites d’entreprise ; avec ce maillage très fin du territoire, nos actions pour faire découvrir et promouvoir les métiers de la filière sont très efficaces. 
 

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