Aerial view of container cargo ship, Container Cargo ship in import export logistic, Logistics and transportation of International Container Cargo ship.

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« Nous œuvrons à la “maritimisation” des métiers »

Créé en 2018, le Campus des Industries Navales structure, fédère et organise l’offre de formation pour répondre aux besoins en recrutement de l’écosystème maritime. Sa vocation : être l’interlocuteur privilégié des employeurs, des apprenants et des opérateurs de formation. Métiers en tension, nouveaux cursus, attractivité auprès des jeunes… Dominique Sennedot, président du CINav, nous en dit plus sur cette industrie qui a le vent en poupe.

Publié le  29/03/2021

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Quelle est l’ambition du Campus aujourd’hui ?  

L’association a été créée dans un contexte de forte croissance du secteur maritime, afin de répondre aux besoins en recrutement dans les différents bassins d’emploi. Cette croissance, du jamais vu depuis vingt ans, a soulevé une double problématique pour les industriels de la mer :  comment reconstituer un vivier d’emplois dans les territoires actifs, tout en recrutant des ressources bien formées aux besoins en compétences ? Pour cela, le CINav, via la mise en réseau de toutes les parties prenantes*, s’est organisé pour développer des outils de promotion des métiers ainsi qu’une ingénierie de formation, en contrepartie d’un engagement des industriels sur des volumes de recrutement dans des métiers bien identifiés. 
 

Quels métiers en tension ont été identifiés dans le maritime ?  

Avec le concours des industriels, nous avons constaté un écart important entre les compétences attendues et les compétences acquises des apprenants dans certains métiers clés. S’en est suivi une action de navalisation des formations sur les métiers en tension, identifiés comme tels par l’observatoire de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). En intégrant la dimension « nautisme et énergies marines renouvelables », nous pouvons même parler aujourd’hui de « maritimisation » des métiers. Pour ne pas se disperser, nous nous sommes concentrés sur seize métiers du naval et cinq métiers de la filière nautisme, tels que chaudronnier, soudeur, tuyauteur, mécanicien naval, usineur, peintre en construction navale et appareilleur dans la production/chantier, ou encore intégrateur/projeteur pour les bureaux d’études. 
 

Ingénieur d'études maritimes

Vous parlez de « maritimisation » des métiers. En quoi cela consiste-t-il ?

Pour chaque métier, l’ingénierie pédagogique consiste à demander aux industriels de définir les compétences attendues, pour nous permettre d’identifier les formations existantes d’ouvrier, technicien et technicien supérieur dédiées. Lorsqu’un déficit est constaté entre le besoin et le référentiel pédagogique, nous élaborons de nouveaux blocs de compétences. Les premiers contenus seront intégrés aux cursus dans le courant de ce premier semestre pour au moins dix des seize métiers identifiés en tension. Pour donner de la visibilité à cette démarche, nous avons créé le label « by CINav », qui permet de garantir l’employabilité de l’apprenant auprès des industriels recruteurs, donner de la visibilité aux opérateurs mais aussi aux apprenants, qui identifieront de fait le potentiel de recrutement de tel ou tel métier. Deux formations ont déjà été labélisées depuis janvier 2020. 
 

Combien d’opérateurs de formations sont concernés ?

Nous avons répertorié une cinquantaine de formations susceptibles d’adapter le référentiel en cohérence avec les besoins en compétences, priorité donnée aux formations éligibles dans les bassins d’emplois. S’il est vrai que les jeunes ouvriers ettechniciens sont généralement peu mobiles, ce n’est pas pour autant que nous nous détournons de formations qui existent hors de ce périmètre. Sans forcément cibler toutes les régions françaises, nous tablons a minima sur une centaine d’opérateurs, incluant l’Éducation nationale, les CFA, l’Afpa ou encore les Certificats de Qualification Paritaires (CQP).
 

Combien d’emplois doivent-ils être créés pour l’ensemble des filières ?

La filière des industriels de la mer, qui regroupe les composantes GICAN, EVOLEN, FIN et SER, représente 120 000 emplois en 2019. La projection à 2022 donne une évolution à 125 000 emplois, et à 137 000 en 2030, représentant 22 000 créations nettes d’emplois sur les 72 000 recrutements prévus. Dans ce contexte, la filière nautique (industries et services) sera créatrice de 3 000 emplois nets d’ici 2022 et la filière navale (civile et militaire) sera créatrice de 10 000 emplois nets d’ici 2030.  
 

Comment faites-vous pour séduire les jeunes aujourd’hui ?

Les jeunes générations, mais aussi les publics en reconversion, incarnent le renouveau et l’avenir du maritime. Pour les sensibiliser, nous avons lancé un « navire des métiers », calqué sur le concept de « l’avion des métiers » dans l’aéronautique. On a voulu faire quelque chose qui attirait les jeunes, frapper un grand coup. Ce « navire », des conteneurs aménagés en lieux de rencontres, permet de fédérer les futurs apprenants et les industriels qui vont parler de leurs métiers avec passion au travers de films, de témoignages réels, etc. Des rencontres sont prévues dans plusieurs villes pour dévoiler les produits finis (bateaux, équipements…), les méthodes de fabrication, la mosaïque de métiers, les cursus de formation, pour démontrer que le maritime s’est aujourd’hui totalement modernisé avec le développement du numérique, plus vraiment à l’image que s’en faisaient leurs parents ou grands-parents. 
 

Justement, de quelle manière le numérique a-t-il bouleversé l’industrie ?

Les métiers « classiques » ont déjà évolué face au développement du numérique. Par exemple, si le mécanicien, l’électricien et l’informaticien pouvaient auparavant intervenir de manière indépendante, un métier les amalgame aujourd’hui tous les trois :le mécatronicien naval. À ce titre, une mention Bac +1 mécatronique navale a été créée en 2016, et un BTS de mécatronique navale verra également le jour à la rentrée 2020/2021.

Il s’agit, là encore, d’un métier en tension, à l’instar des nouveaux métiers de data scientist, et en cybersécurité navale notamment. Une nouvelle formation a vu le jour en septembre 2018, exclusivement pour les besoins de Naval Group et ses partenaires, dans le domaine de l’aménagement de sous-marins (France et contrat australien), laquelle nécessite la maîtrise de l’outil 3D Expérience développé par Dassault System. De niveau Bac +3, cette formation de Concepteur de sous-marin sera opérée par un groupement d’opérateurs de formation à Cherbourg dès la fin 2020. 600 personnes doivent être recrutées d’ici 2025, avec l’enjeu d’attirer les candidats en nombre et en qualité à Cherbourg, le territoire actif.
 

Comment collaborez-vous avec Pôle emploi ?

Pôle emploi, qui a structuré le domaine maritime au sein de sa propre organisation, siège au sein de la gouvernance du campus depuis fin 2019. Nous étions pour l’heure sur des actions territoriales, avec l’aide des conseils régionaux, et travaillons désormais à une relation durable dans les territoires. Pôle emploi nous adresse des personnes en reconversion compétentes dans leur domaine, mais aussi des jeunes qualifiés. Nous sommes en effet sur des métiers à forte valeur ajoutée, nécessitant compétences techniques et savoir-être, un fort prérequis pour les entreprises. Des réflexions ont été engagées avec Pôle emploi et d’autres organismes de formation pour voir comment, à travers le PIC (Plan d’Investissement dans les Compétences), nous pouvons orienter les publics reconnectés avec l’emploi vers le maritime. 

*Le CInav est le fruit d’une démarche collective public/privé lancée en novembre 2017 par 16 partenaires fondateurs sous l’impulsion conjointe de Naval Group et de la région Bretagne. Elle réunit aujourd’hui : Régions Bretagne, Nouvelle-Aquitaine, Normandie, Pays-de-la-Loire, Région Sud / Naval group, CMN, Chantiers de l’Atlantique, Piriou, ECA Group, UIMM, BPN, GICAN, Marine Nationale, ministère de la Transition écologique et solidaire, ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ministère de l’Education nationale, ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle. L’Occitanie et les Hauts-de-France devraient également rejoindre la structure, ainsi que les trois autres filières des industries de la mer : Evolen pour l’oil & gas, FIN pour les industries nautiques et SER représentant les énergies marines renouvelables.
 

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