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« Numérique, robotique, IA, décarbonation… L’ingénieur logistique accompagne la mue de la chaine logistique »

Thierry Derrey dirige l’Institut supérieur d’études logistiques (ISEL), au Havre. L’établissement supérieur forme spécifiquement des ingénieurs en logistique. Il nous explique les évolutions à l’œuvre dans cette profession porteuse.

Publié le  20/09/2021

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La logistique est un secteur porteur, employant près de 6 % de la population active française, et 500 000 postes seront à pourvoir d’ici à 2025. Les ingénieurs en logistique sont-ils concernés ? 

Absolument, les ingénieurs « logistique » sont des profils très demandés dans tous les secteurs de la chaine logistique que cela soit en industrie pour leur logistique interne, que pour le large secteur de la prestation logistique. D’ailleurs, l’ISEL qui diplôme 150 ingénieurs par an espère passer à des promos de 200 à 250 diplômés d’ici à 2025, afin de répondre à la demande croissante des entreprises. Le taux de titularisation de nos ingénieurs en emploi durable est très élevé, à 100% à moins de 6 mois après leur entrée sur le marché du travail. Les carrières de nos diplômés sont en phase d’accélération et nos ingénieurs deviennent rapidement « chef de projets » pour piloter des équipes et des projets complexes, tout en montant en responsabilité. Par ailleurs, la crise sanitaire ayant montré l’importance de la logistique tant pour gérer la crise que pour relancer l’économie, la demande s’en est trouvée amplifiée.
 

Vos promotions paraissent petites par rapport au gros des troupes du secteur. Pourquoi ?

L’ISEL forme des ingénieurs qui sont en position de cadre dans l’entreprise. Aussi, la demande en volume d’emplois est beaucoup moins importante que celle des opérateurs logistiques. Quoiqu’il en soit, l’école doit davantage former des « ingénieurs ISEL » d’autant plus que la demande ne se limite pas qu’aux « leaders » de la logistique comme DHL, Amazon, La Poste ou encore Bolloré mais aussi aux secteurs de l’industrie automobile ou aéronautique, de l’agroalimentaire, de la santé... Ainsi aujourd’hui, les promotions de l’ISEL se répartissent à 55 % dans l’industrie ou leurs sous-traitants en logistique, à 40% dans la prestation logistique et à 5 % dans la grande distribution. Enfin, pour répondre à la demande, si l’ISEL est la seule école à former spécifiquement des ingénieurs en logistique, d’autres grandes écoles amènent également à cette profession soit sur des secteurs, soit sur des fonctions spécifiques de l’industrie, du commerce ou du transport.
 

La chaîne logistique, ce ne sont pas uniquement les pure players, mais aussi des professionnels exerçant chez les industriels et dans la grande distribution.


Quelle est l’approche de l’ISEL pour former des professionnels aptes à affronter un monde en rapide évolution ?

Si nos ingénieurs sont formés à la gestion et au management de la chaine logistique, ils ont un important bagage en mathématiques pour leur permettre de concevoir et de piloter des modèles d’organisation, de flux et de performance. En tant qu’ingénieur, ils sont formés aux sciences de l’ingénieur et savent développer des solutions liées aux problématiques du numérique et des systèmes d’information logistique et de la robotique, des spécialités incontournables actuellement. Cette formation complète leur permet de concevoir et de piloter des chaines logistiques aussi bien en entreprises de prestation logistique qu’en industrie qui peuvent sous-traiter à ces mêmes prestataires leur logistique.

De plus, l’alternance est devenue une voie essentielle pour professionnaliser nos talents et concerne la moitié de nos effectifs. Pour finir, les évolutions technologiques ou organisationnelles de la logistique sont tellement soutenues que nous envisageons d’investir davantage les formations courtes qualifiantes à l’adresse des professionnels en poste, afin de les accompagner à affronter la rapidité des évolutions.
 

Crise climatique, développement durable… Est-ce des composantes que vous intégrez dans la formation des ingénieurs en logistique ?

Tout à fait, c’est même devenu un sujet majeur des entreprises pure players et des industriels. Nos ingénieurs doivent être capables de répondre à ces problématiques : comment décarboner la chaine logistique ? (ndlr : diminuer les émissions carbone d’une activité) Via l’amélioration de la performance énergétique des sites ou le développement des flottes vertes... Comment limiter l’artificialisation des sols des sites et des réseaux logistiques ?  Via l’optimisation de l’empreinte au sol des entrepôts ou du taux de remplissage... Nos ingénieurs ont le bagage mathématique et les outils technologiques (numérique, IA…) pour répondre à ces enjeux fondamentaux pour l’environnement.
 

Pour nos jeunes diplômés, le niveau de rémunération et la mission ne suffisent plus. Le cadre de travail et la nature des missions sont importants. Les équipes de Pôle emploi peuvent ainsi les éclairer, car ils connaissent les entreprises dans les territoires.


Collaborez-vous avec Pôle emploi au sujet de l’insertion des ingénieurs en logistique ? 

C’est un point que nous souhaitons développer. En effet, si nos diplômés intègrent rapidement le marché du travail en comptant par exemple sur le réseau des anciens diplômés, en consultant l’APEC ou LinkedIn, certains de nos ingénieurs apprécient de plus en plus l’accompagnement de Pôle emploi dans leurs recherches pour aller au-delà des compétences demandées pour cette profession. En effet, nous avons pu constater que désormais, les nouvelles générations font très attention, en plus du niveau de rémunération, au cadre de travail et à la nature de la mission. D’où l’importance pour nous de pouvoir collaborer avec Pôle emploi au sein des territoires, afin que les conseillers perçoivent les forces des employeurs pour les retranscrire aux candidats puisque le marché de l’emploi en ingénieur logistique est tendu au plan national et international avec des bassins d’emplois en concurrence. 


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ISEL

Dossier : Transport-Logistique
 

L’ISEL en chiffres :

 

150 diplômés/an, objectif 200 à 250 d’ici à 2025

100 % d’insertion des diplômés 6 mois après leur entrée sur le marché de l’emploi

55 % des ingénieurs exercent dans l’industrie, 40 % dans la prestation logistique, 
5 % dans la grande distribution

Source : ISEL
 

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