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Curriculum Futuræ : entre IA et écologie, quel futur pour l’emploi ?

Réaliste et décalé, ce docu-fiction aborde divers scénarios du travail de demain. Quels métiers s’offrent aux générations futures ? Existent-ils déjà ? En 4 épisodes, ce posdcast tente d'imaginer l’avenir qui se dessine entre croissance technologique et conscience écologique, sur fond de GAFAM.

Publié le  06/09/2022

Curriculum Futuræ nous pousse à s’interroger sur l’avenir du monde du travail, bercé entre intelligence artificielle et impératif environnemental. Les deux sont-ils compatibles ? Quels scénarios se dessinent aujourd’hui pour les actifs de demain ? Retour sur cette enquête à la fois sérieuse et humoristique avec son auteur, Sebastian Dicenaire. 

 

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Comment est né ce docu-fiction sonore sur le travail de demain ?

Sebastian Dicenaire : Parce que je suis écrivain et réalisateur de fictions sonores, Curriculum Futuræ m’a été commandée par le Centre Vidéo de Bruxelles, producteur et diffuseur de documentaires d'auteurs, collectifs et pédagogiques. Ce podcast s’ajoute à différents projets médias réalisés dans la lignée d’un film documentaire sur l’entreprise Deliveroo*, l’impact, les interrogations, les limites que soulèvent plus largement l’ubérisation du marché du travail.

D’un point de vue fictionnel, j’y convoque mes jumeaux de 5 ans, et à travers eux les générations futures qui devront faire face à un marché du travail et une société chamboulés par le numérique. Dans cette « quête », je joue la carte de « l’ignorance » et porte un regard modeste d’auteur attentif aux nouvelles technologies et à l’angoisse qu’elles suscitent, tout en sollicitant des spécialistes pour démêler ce sujet complexe. 

Curriculum Futuræ se décline en 4 épisodes, quelle en est l’architecture ?

S. D. : L’une des intervenantes majeures, dont les travaux posent les fondations de l’enquête, est la sociologue française Dominique Méda, à l’origine d’un rapport sur les grandes perspectives du travail pour l’OT (Organisation internationale du travail), entre autres recherches fondamentales sur le thème du travail.

Curriculum Futuræ s’articule autour des trois scénarios que Dominique Méda  envisage quant à l’avenir du travail : le « démantèlement du droit du travail », la « révolution technologique » (qui imagine la fin de l'emploi par l'automatisation) et la « reconversion écologique », relatif à l’enjeu environnemental et ses répercussions sur le marché de l’emploi. 

Le premier volet aborde la remise en question des droits sociaux acquis, la fragmentation du travail à la tâche, tout ce qui se réclame du dumping ; un épisode qui amorce celui de la « révolution technologique », sa face sombre et l’autre plus lumineuse en termes de nouvelles opportunités d’emploi. Enfin, la « reconversion écologique », que Dominique Méda appelle de ses vœux et qui nécessite selon elle un investissement public énorme pour opérer un changement sociétal et créer de la valeur sur le marché de l’emploi, fait l’objet d’un épisode.

 

Écoutez les podcasts Curriculum Futuræ

 

https://nosfuturs.net/le-travail-qui-vient.html

Quels autres spécialistes vous ont permis d’approfondir votre enquête ?

S. D. : Ces podcasts font intervenir Antoinette Rouvroy, docteur en sciences juridiques de l’Institut universitaire européen, qui a beaucoup réfléchi sur les algorithmes ; participent également Jean-Gabriel Ganascia, informaticien et philosophe, le juriste Jean-François Neven, avocat en droit social et conseiller à la Cour du travail de Bruxelles, le philosophe Marc Hunyadi, le sociologue Laurent Wartel qui se fait la voix des travailleurs directement concernés par les nouvelles pratiques de travail – et plus précisément des chauffeurs Uber –, la conseillère écologiste Natacha Dupont ou encore Cathy Van Remoortere, responsable du pôle prospective au « Pôle emploi » de Bruxelles [NDLR : Office régional bruxellois de l’Emploi].

Quels principaux enseignements doit-on tirer de cette révolution technologique à l’œuvre sur le marché de l’emploi ?

S. D. :  En premier lieu, que tout n’est pas tout noir et inquiétant. Les peurs du robot qui « remplace l’humain », souvent nourries par la science-fiction, sont aussi anciennes que légitimes. Mais si l’on prend de la hauteur, par un prisme autre que celui des médias, des discours fantasmés et alarmistes, on s’aperçoit tout de même que les conditions de travail et la santé des individus se sont généralement bien améliorées en un siècle, que la rançon de cette révolution technologique n’est pas que néfaste. Certes, le sujet est complexe ; il n’y a pas de réponses tranchées.

L’apport de la technologie dans le travail, qui a son revers de médaille, ne doit pas avoir vocation à nuire au droit des personnes ni à leur épanouissement, mais bien celle de supplanter les tâches pénibles. Il faut être attentif. C’est pourquoi ce podcast se veut d’abord une réflexion sur cette notion de progrès et du sens qu’il apporte au travail aujourd’hui et demain. 

À la lumière des témoignages qui illustrent votre enquête, quel serait le compromis idéal pour un futur monde du travail désirable ?

S. D. : Ma conclusion serait que les scénarios présentés ici ne doivent pas s'éliminer les uns les autres. On remarque que certaines perspectives sociologiques menées il y a 30 ans ne se sont jamais produites, du fait peut-être d’une vision trop unilatérale des choses, sans prise en compte d’événements par définition imprévisibles.

Un développement toujours plus technologique d’un côté peut très bien cohabiter avec un retour au sens de l’autre, à une certaine simplicité du travail, un retour à la terre, à l’artisanat, à la démocratisation des décisions en entreprise, au contact humain en général. Demain, on cultivera peut-être notre potager urbain et bio tout en partageant notre activité sur les réseaux sociaux. Une image déjà d’actualité pour dire que la technologie et l’écologie ne s’excluent pas forcément ; on reste des animaux sociaux malgré tout.

Ce besoin de proximité et d’humain va perdurer. Outre l’accélération des modes de travail hybrides, la période de crise sanitaire en est un très bon exemple, avec la création de nouveaux métiers, de nouvelles vocations et d'activités plus enclines à connecter les individus.

* Shift, de la réalisatrice Pauline Beugnies

Curriculum Futuræ

 

#1 Mes enfants, Uber et moi ! [1/4]
#2 Algorithmes mélodies [2/4]
#3 Manuel du travail libéré [3/4]
#4 Coach en mutation [4/4]
https://nosfuturs.net/le-travail-qui-vient.html
 

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