Du stade vers l'emploi, les valeurs du sport soutiennent la recherche d'emploi

Ce mardi 28 juin dernier, au gymnase Chardon d'Orléans, une centaine de demandeurs d'emploi avaient un rendez-vous un peu particulier, pour rencontrer des recruteurs.
Pas moins de quinze entreprises étaient présentes, pour participer à une journée intitulée « Du stade vers l'emploi », organisée par la ligue Centre-Val de Loire de Badminton et Pôle emploi Centre-Val de Loire.
 

Un concept original qui se développe

Initiée en 2019 avec la fédération française d'athlétisme, l'opération a depuis fait école. Forte de son succès, elle a été reproduite dans d'autres régions, et amplifiée en partenariat avec quatre autres fédérations : le basketball, le rugby, le tennis de table et le badminton.
Le matin, recruteurs et demandeurs d'emploi sont indistinctement mélangés dans des équipes, pour faire du sport ensemble, en l’occurrence du badminton. Après un déjeuner en commun rassemblant tout le monde, l'après-midi commence par lever l'anonymat des recruteurs présents, avant de tenir des sessions de « job dating » et de « forum emploi » avec les candidats intéressés. Les entreprises présentes à Orléans étaient aussi diverses que Adecco, Courtepaille, Super U, le GEIQ aide à domicile ou encore Suntory, sous-traitant d'Orangina qui proposait des postes de « conducteur/opérateur de ligne ».

La directrice de l'agence d'Orléans-Est a constaté l'intérêt qu'il y a à « recruter autrement » et à « transposer les valeurs du sport dans la prise d'un poste ». Présente lors de cette journée, elle a observé une belle dynamique à l’œuvre : « le matin, tout le monde était contre le mur du gymnase, et n'osait pas trop s'exprimer. Et à partir du moment où les ateliers sportifs ont commencé, on a senti de la cohésion d'équipe, de la participation et de l'émulation. » 

En tout, ce sont 200 opérations qui devraient se tenir cette année sur l'ensemble du territoire.
 

Des chercheurs d'emploi enthousiastes 

Près de 120 demandeurs d’emploi étaient présents ce matin-là. Parmi eux, Marie-Eve, 21 ans, ne savait pas forcément à quoi s'attendre, quand elle a reçu le mail lui proposant de participer à cette journée. Titulaire d'un bac pro « accueil et relations clients et usagers », elle recherche un emploi dans le domaine de l'accueil. Elle a trouvé l’idée originale, s'enthousiasmant pour le concept : « Je me suis dit « ah bon, on peut faire ça ?, j'ai été agréablement surprise. »

Les recruteurs et chercheurs d'emploi étant mélangés dans les équipes, la matinée fait ainsi la part belle aux interactions directes et à la spontanéité que l'on peut trouver dans le sport. Aussi, elle n'y voit que des avantages : « c'est quelque chose qui peut aider, car on n'est pas toujours assez ouvert, sociable ou sûr de soi face aux recruteurs. Et là c'est une manière de déstresser, de ne pas y penser. Les recruteurs peuvent mieux voir les personnalités qu'ils ont en face d'eux. » En effet, différents ateliers de badminton étaient proposés, avec différents objectifs, mettant par exemple plus ou moins l'accent sur la dimension collective. 

Lors de la présentation des recruteurs, l'après-midi, Marie-Eve est allée à la rencontre d'une société de prévention et de sécurité, Alcemetis. Intéressée  par la formation qu'elle propose et les opportunités d'emploi associées, l'entreprise devrait la recontacter prochainement pour un entretien, dans la perspective d'une formation qui démarrerait en septembre. Elle en a profité pour échanger avec les conseillers de Pôle emploi la possibilité de réaliser une PMSMP (période de mise en situation en milieu professionnel) dans l'hôtellerie.
 

Ahmed, autre demandeur d'emploi présent ce jour-là, s'est vu proposer de participer à cette journée par sa conseillère. D'abord sceptique, il s'est finalement laissé convaincre de tenter l'expérience, et a trouvé cette journée « enrichissante ». Il a notamment trouvé les conseillers « très à l'écoute », lors des échanges au fil de la journée. « Étonné » au moment de la levée de l'anonymat par les identités des uns et des autres, il dit avoir eu davantage « l'impression de faire du sport avec des amis qu'avec des recruteurs ». Il a eu quelques échanges avec Patàpain, qui lui a présenté les différentes opportunités possibles chez eux, avec la possibilité de réaliser chez eux une PMSMP.

À la rencontre des recruteurs  

Jefferson Prêteux, directeur d'un restaurant Patàpain, avait été prévenu par son siège social qu'un « forum de recrutement hors du commun » allait avoir lieu. Et il n’a pas été déçu ! Après cette matinée sportive, il a rencontré une vingtaine de demandeurs d'emploi, pré-orientés par les conseillers Pôle emploi et munis de leur CV. Il a pu leur présenter les deux métiers pour lesquels il recrute, celui d'employé polyvalent et celui d'assistant manager, dans les six établissements que l'entreprise possède sur Orléans. Depuis, ils ont sélectionné certains candidats qu'ils ont revu en entretien dans un restaurant, ce qui pourrait donner prochainement lieu à des embauches. Lui aussi estime que le sport est un bon outil pour réduire les barrières, mais aussi pour observer l'état d'esprit des candidats.

Même son de cloche du côté de Marie Gautrais, chargée de missions chez Baudin Chateauneuf, entreprise de BTP :
« Je trouve ça bien, ça permet de voir la personnalité de chaque candidat, s'il écoute nos conseils, s'il joue plutôt individuel ou collectif, comment il se positionne »
Ainsi, elle a par exemple apprécié certains comportements sur le terrain : « je suis allé voir une jeune femme pendant le forum pour lui dire de venir nous voir. Je l'avais repérée pendant l'activité sportive ». L’après-midi, elle l’a reçue en entretien et fait le constat d'une prise de contact particulièrement facile. 

Ce type de rencontre, à même de favoriser l'évaluation des « soft skills », semble particulièrement appropriée pour une telle entreprise, qui propose des postes très divers en termes de qualification : « nous cherchons des personnes pour tous types de postes, avec ou sans diplôme. Nous formons les personnes. Ce que nous recherchons, c'est surtout un savoir-être, Faire matcher le sport et le recrutement, c'est une bonne option ! Cela nous a permis de rencontrer toutes sortes de profils intéressants. »

Ainsi, loin de tout esprit de compétition, « Du stade vers l'emploi » semble avoir la vertu de rapprocher les demandeurs d'emploi des recruteurs. Gageons que ce type de rencontre a de l'avenir, pour que les valeurs positives du sport donnent de l'élan à la recherche d'emploi.