Plongée au cœur de l’agence de Saint-Ouen, mobilisée sur le Grand Paris Express

Danielle, Koudieye et Philippe, tous trois conseillers entreprises de l’agence Pôle emploi de Saint-Ouen, au nord de Paris, sont sur le pont depuis 4 ans pour aider les entreprises du bâtiment sur le gigantesque chantier du Grand Paris Express. Pour Nadia, la directrice de l’agence « le chantier est incontournable : 4 nouvelles lignes de métro autour de la capitale, et pour Saint-Ouen c’est la ligne 16 qui est prolongée à la verticale, de Saint-Denis à Chelles. C’est énorme en termes d’emplois – BTP en tête -, mais aussi pour l’insertion des publics prioritaires du territoire. »

Mobilisation générale

Quand on lui demande quel est son plus gros challenge pour réussir sa mission, Danielle – la conseillère référente BTP -, ne cite pas les métiers en tension ou la formation. Non, admet-elle, c’est la mobilisation. « Ce qui bloque souvent, c’est l’appréhension et la méconnaissance des métiers. Mais croyez-moi, quand nous parvenons à accrocher les demandeurs sur les métiers de ces chantiers, ils sont enthousiastes ! » Sans relâche avec Koudieye, Philippe, et tous ses collègues conseillers auprès des demandeurs, Danielle informe, forme et acculture les demandeurs à des métiers souvent peu connus, comme aide-monteur ou aide-poseur, et parfois perçus comme difficiles.

Informer, immerger, passionner

Koudieye note que ces métiers sont souvent associés à la contrainte : « lors de nos échanges et des formations, les entreprises du bâtiment nous aident à démystifier l’activité et à susciter l’envie. Plus on en apprend sur ces métiers, mieux on source les demandeurs et réussit le placement. » C’est un travail de longue haleine mais qui paye. Elles citent beaucoup les réunions d’information collective, les jobs dating où des professionnels du BTP interviennent, et confirment l’effet souvent spectaculaire de l’immersion sur les chantiers. Pouvant aller jusqu’à un mois, elle rend les choses très concrètes. « Imaginez-vous dans ce tunnel de métro en creusement, à voir l’énorme machine tunnelier en action, à découvrir un métier au sein d’une équipe soudée… Cette opportunité entraine souvent un déclic chez nos demandeurs d’emploi », confirme Philippe.

Faire connaitre les métiers autrement

Danielle repense au challenge n°1 selon elle (la mobilisation), et remarque que sortir de l’agence pour parler de ces métiers et recruter autrement peut être bénéfique. « Certains demandeurs craignent le cadre institutionnel de l’agence. Quand on les convie à des événements hors-les-murs, comme la Croisière pour l’emploi ou Du stade vers l’emploi, ils viennent et échangent plus aisément avec les employeurs. Je pense que la passion est communicative et que la dimension de l’accomplissement d’un tel chantier ressort plus facilement. » Pôle emploi est aussi présent aux côtés des acteurs du bâtiment sur des lieux ouvert au grand public comme La Fabrique du métro ou KM10, la grande fête d’été sur le chantier du Grand Paris Express. Des événements culturels pour découvrir à cette occasion les besoins en emplois.

Quand Jeanne devient maçonne

Danielle, Koudieye et Philippe ont beaucoup à dire sur l’accompagnement des demandeurs sur le Grand Paris Express : « Nous avons aussi de belles histoires. Celle de Jeanne par exemple, qui était dans la restauration après un parcours de vie difficile. Elle a répondu à notre proposition de suivre une immersion professionnelle sur un chantier. Gros déclic de sa part, la voilà maçonne et enthousiaste ! » Son exemple est précieux à mettre en avant par les conseillers, pour montrer que le bâtiment est clairement ouvert à la mixité. Les entreprises et fédérations du secteur multiplient leurs actions pour rendre ces métiers plus favorables aux femmes (lutte contre les biais culturels et le sexisme, informations sur les conditions de travail…)*. 

Ahmed, un senior inspirant

Que dire alors d’Ahmed, cet homme de 62 ans licencié depuis plus d’un an, dont Danielle se souvient encore. « Ce manœuvre m’avait apporté son CV à l’agence, alors qu’il galerait à retrouver un emploi en raison de son âge. On l’a fait participer à une information collective sur des postes à pourvoir sur le Grand Paris Express. Sa motivation et son optimisme était tels, comme sa volonté de prendre en main le job d’homme-trafic, il a su convaincre l’employeur. Une fraicheur inspirante à deux ans de la retraite ! » Femmes, seniors, jeunes en difficulté… Ce sont aussi pour ces profils que Danielle, Koudieye, Philippe et leurs collègues conseillers emploi (accompagnement) se battent quotidiennement à l’agence. 

Pour Nadia et son équipe, les enjeux sont de taille car les chantiers du Grand Paris Express vont courir jusque 2030, pour la partie construction. Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris sont aussi un relai de croissance pour ces entreprises, et donc d’emplois et d’insertion pour les demandeurs de Seine-Saint-Denis et des communes d’Ile-de-France. Raison de plus pour l’agence de continuer à se mobiliser. « On réfléchit à faire un nouvel événement de rencontre innovante en collaboration avec nos collègues de l’agence de Saint-Denis, pour permettre à des recruteurs de rencontrer des candidats autrement. Mais on ne peut encore rien dire, conclut Nadia dans un sourire…

* Exemple : sourcing de profils féminins dans le cadre du partenariat de l’agence de Saint-Ouen avec le GEIQ lle-de-France et Vinci (dans son programme « Bâtir au féminin »).
** Homme-trafic : régulateur de la circulation du chantier. Il garantit la fluidité et la sécurité de la circulation des véhicules et des intervenants de tous les corps de métier à l’entrée du chantier. Source : KS Services.