Article
Entrepreneuriat : « On ne peut plus se contenter de créer pour créer »
À 26 ans, François Allet est un chef d’entreprise accompli, créateur d’un podcast à succès consacré à l’entrepreneuriat, et à la tête de l’agence de podcasts Tête de Tigre. Au quotidien, il s’attèle à rendre l’entrepreneuriat accessible à tous et pose un regard avisé sur ce mode de travail en pleine évolution. Rencontre.
Publié le 27/09/2023
« Serial Entrepreneurs », qu’est-ce que c’est ?
François Allet : « Serial Entrepreneurs » est un podcast que j’ai créé en 2017 avec l’ambition de mettre en avant toute la diversité de l’entrepreneuriat francophone. Qu’ils soient chefs d’entreprise, dirigeants de start-up, créateurs de marques ou encore commerçants, des entrepreneurs d’horizons différents me parlent ici de leur démarche, partagent leurs réussites, leurs questionnements, leurs échecs. Cette pluralité des profils démontre deux choses : chaque aventure entrepreneuriale est unique, et chacun peut devenir entrepreneur, peu importe d’où il vient.
À qui s’adresse ce podcast ?
F. A. : « Serial Entrepreneurs » est conçu comme une ressource au service de l’entrepreneuriat, où se mêlent témoignages et conseils pratiques. C’est un référentiel destiné tant aux futurs entrepreneurs qu’à ceux d’ores et déjà bien établis, à ceux qui n’osent pas se lancer, ainsi qu’aux curieux de l’entrepreneuriat.
« La création d’entreprise s’est massivement démocratisée ces dernières années. »
Comment qualifieriez-vous l’entrepreneuriat en France ?
F. A. : La création d’entreprise s’est massivement démocratisée ces dernières années. Cependant, à mon sens, les start-up sont encore trop souvent mises en avant au détriment d’autres formes d’entrepreneuriat, tout aussi importantes. Il y a donc une marge de progression nécessaire quant à la représentation de l’entrepreneuriat dans son ensemble.
Quels secteurs attirent le plus les entrepreneurs ?
F. A. : Le développement durable devient incontournable : les entrepreneurs d’aujourd’hui aspirent à concevoir des produits et services responsables, en droite ligne avec les enjeux de durabilité et de résilience qui sont les nôtres. En outre, l’intelligence artificielle (IA) et a fortiori les nouvelles technologies ne sont pas en reste. Tout comme la santé, un secteur qui, bousculé par la pandémie, suscite intérêt et innovations, bien au-delà du corps médical.
Quel est le profil de l’entrepreneur type ?
F. A. : Dans la pensée collective, l’entrepreneur type est un homme, issu d’une école de commerce ou d’une école d’ingénieurs. Mon expérience en tant que podcasteur me prouve le contraire : parmi les 130 entrepreneurs que j’ai eu la chance de recevoir, il y a des hommes et des femmes, et si certains sont effectivement issus de grandes écoles, d’autres sont allés sur les bancs de l’université ou se sont lancés dans l’entrepreneuriat sans aucun diplôme en poche.
« La curiosité donne aux entrepreneurs les moyens d’être dans une posture d’apprentissage continue, c’est un savoir-être non négligeable ! »
Quelles sont les qualités indispensables pour tenter l’aventure entrepreneuriale ?
F. A. : Il faut en premier lieu être bien entouré, par ses proches, mais également par un réseau d’entrepreneurs car le sentiment d’isolement peut être très présent dans l’entrepreneuriat. Savoir s’entourer est fondamental. Ensuite, il faut une bonne dose de résilience et de détermination pour entreprendre. Deux compétences grâce auxquelles il devient plus aisé de traverser des périodes complexes, de se remettre en question, d’apprendre de ses erreurs. Enfin, la curiosité donne aux entrepreneurs les moyens d’être dans une posture d’apprentissage continue, c’est un savoir-être non négligeable !
Six ans après vous être vous-même lancé dans cette voie, quel bilan dressez-vous ?
F. A. : L’entrepreneuriat est une aventure incroyable. « Serial Entrepreneurs » m’a donné les moyens de rencontrer des personnes extraordinaires, riches d’expérience. Et si ces rencontres ont été source d’opportunités professionnelles, elles m’ont surtout permis de tisser des liens humains forts et pérennes.
« Les entrepreneurs redoublent d’efforts et d’innovation pour répondre aux préoccupations actuelles et à venir des consommateurs. »
Comment l’entrepreneuriat a-t-il évolué en France ces dernières années ?
F. A. : Sa démocratisation a débuté dans les années 2015-2016 avec la montée en puissance des start-up. Puis les entrepreneurs et créateurs de contenu ont peu à peu pris le pli des réseaux sociaux et autres plateformes dont ils se sont servis pour communiquer. En parallèle, l’entrepreneuriat a fait son apparition à la télévision dans des émissions grand public. Autant de phénomènes qui ont pleinement participé à vulgariser et valoriser ce mode de travail, désormais très plébiscité.
La transformation de la société et les mutations des modes de consommation ont-elles créées de nouvelles formes d’entrepreneuriat ?
F. A. : C’est un fait, on ne peut plus se contenter de créer pour créer. Raison pour laquelle les entrepreneurs redoublent d’efforts et d’innovation pour répondre aux préoccupations actuelles et à venir des consommateurs. Entreprendre aujourd’hui revient d’abord à entreprendre dans l’économie circulaire, le secteur des produits reconditionnés, le prêt-à-porter de seconde main ; à investir dans un fonds pour la planète ou à imaginer des expériences utilisateur différenciantes et « phygitales » [Méthode de vente qui associe un point de vente physique et l’accès à internet, NDLR], entre autres.
« En France, le meilleur soutien à l’entrepreneuriat est sans conteste Pôle emploi, dont les ressources et programmes d’accompagnement bénéficient à un nombre conséquent d’entrepreneurs. »
Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?
F. A. : Passez à l’action, commettez des erreurs, innovez, éprouvez des solutions qui fonctionneront, et d’autres qui ne fonctionneront pas. Cet apprentissage de terrain est essentiel pour tester sa fibre entrepreneuriale et comprendre que même avec peu il est possible d’avancer et de construire quelque chose de grand.
Quels dispositifs d’aides vous semblent particulièrement intéressants pour accompagner les entrepreneurs ?
F. A. : En France, le meilleur soutien à l’entrepreneuriat est sans conteste Pôle emploi, dont les ressources et programmes d’accompagnement bénéficient à un nombre conséquent d’entrepreneurs. D’ailleurs, sur les 130 invités de « Serial Entrepreneurs », beaucoup ont pu démarrer leur projet grâce à cette institution : c’est une aide considérable et un véritable coup d’accélérateur.
Lire aussi : Restart, semaine de la création d’entreprise
Plus d'actualités
Article
Concours « Talents des Cités » 2023 : Hair [...]
Le salon de coiffure lillois Hair Expert Academy a remporté le Prix Pôle emploi du Concours « Talents des Cités » 2023. L’entreprise, qui est aussi centre de formation continue, embauche exclusivement des salariés et apprentis en situation de handicap ou de précarité. Solidaire et engagée, elle intègre également une dimension environnementale dans les activités de coiffure.
Article
La filière textile tisse sa toile made in France
SEMAINE DES MÉTIERS DE L’INDUSTRIE. Depuis une dizaine d'années, une multitude d'initiatives en faveur de la relocalisation de la production textile émerge en France, notamment dans le secteur du prêt-à-porter. À la clé, des articles innovants, respectueux de l’environnement et créateurs d’emplois !
Article
Les Écoles de la 2e Chance et L'Industreet, [...]
SEMAINE DE L’INDUSTRIE. Créées à la fin des années 1990, les Écoles de la 2e Chance (E2C) sont dédiées à la lutte contre le décrochage scolaire et à l'accompagnement des jeunes sans diplôme ni qualifications. En partenariat avec L’Industreet, un centre de formation spécialisé dans la formation aux nouveaux métiers de l'industrie, créé à l'initiative de TotalEnergies, elles offrent aux jeunes des opportunités intéressantes pour se former à de nouveaux métiers de l'industrie.
Ailleurs sur le site
L’état de l’emploi dans votre ville
Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.
Ensemble pour l'emploi
Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.