« Ouvrons la route, faisons vivre le secteur du transport & de la logistique ! »

Dans quel cadre s’inscrit cet événement ?

Pascal Blain : Il fait suite à une 1re édition qui s’est déroulée du 5 au 9 décembre 2022 et qui a mobilisé 372 agences Pôle emploi pour un total de 1 202 événements réalisés en collaboration avec 27 partenaires nationaux et 700 structures participantes. Cette première semaine thématique résultait d’un long travail en amont, ayant abouti à l’implication de l’ensemble des fédérations du transport & de la logistique. Une grande première, donc, pour faire face aux difficultés de recrutement de ce secteur par l’intermédiaire d’actions menées en synergie. Pour la mettre en œuvre, j’ai rencontré les organisations nationales, patronales et syndicales de la branche.

Nous avons échangé autour des tensions de recrutement, du développement des compétences, et de la construction de parcours de formation. Nous avons d’ailleurs signé un plan d’action partagé pour trois ans avec l’AFT Transport & Logistique. Tout au long des différentes réunions, j’étais animé par la conviction que l’association de l’ensemble des acteurs du secteur est la condition sine qua non d’une amélioration collective des conditions de travail, de l’attractivité des métiers et de l’orientation des jeunes et des adultes. À la veille de la 2e édition, j’en suis toujours autant convaincu ! 

Quels sont les enjeux de cette semaine thématique ?

P.B : Nous concentrons de nouveau, en une semaine et sur tout le territoire national, une série d’événements organisés par les conseillers de Pôle emploi, des employeurs, des fédérations, des partenaires, des institutionnels et l’Opco Mobilités (Opérateur de compétences) concerné afin de valoriser les métiers de ce secteur. À travers ces opérations Pôle emploi multiplie les actions pour accompagner les entreprises confrontées à des difficultés de recrutement et orienter les candidats vers les métiers en tension. Il s’agit de faire connaître les métiers en pénurie, les parcours de formation et valoriser l’image des professionnels à travers des retours d’expérience.

Il semble également important de promouvoir la mixité en encourageant les femmes à s’intéresser à ce secteur car elles représentent seulement 20% de la population salariée (Décembre 2022). Par ailleurs,  l’alternance constitue un tremplin efficace pour apprendre l’un des métiers du transport et de la logistique, en alliant apprentissage théorique et découverte du terrain. Plus globalement, il s’agit d’offrir à des jeunes, des personnes en insertion ou en reconversion, une vision claire des métiers du secteur et de l’environnement de travail proposé. Cette semaine sera à nouveau, l’opportunité pour Pôle emploi, de faire connaître notre offre de service et de faire découvrir nos méthodes innovantes pour sourcer, former ou recruter. Nous entendons ainsi, renforcer notre positionnement d’acteur incontournable et accroître notre stratégie d’influence. 

Au niveau national, quelle est la photographie de l’emploi dans le secteur du transport & de la logistique ?

P. B. :  Ce secteur recouvre des réalités et des problématiques très différentes selon les segments. Il fait face, en outre, à la croissance mondiale du transport de marchandises, un phénomène accentué par la crise sanitaire et avec le développement notable du e-commerce. 

En France, 2,13 millions de personnes exercent un métier des transports et de la logistique dont 1 538 400 de salariés dans la branche, soit près d'un salarié sur dix (8,2 %) qui travaille dans ce secteur.
Selon l’enquête Besoins en Main d’Oeuvre, 267 400 projets de recrutement dans le secteur  sont envisagés pour l’année 2023. Un secteur en plein essor qui propose des opportunités d’emplois et de carrière variées.
Les offres d’emploi enregistrées à Pôle emploi ont augmenté de 3,1% en 2022. Elles portaient essentiellement sur les métiers de conduite de transport de marchandises sur longue distance, de conduite et livraison par tournées sur courte distance et de conduite de transport en commun sur route. 75% d’entre elles étaient en CDI. 

Plus du quart des effectifs du transport et de la logistique se concentre en Île-de-France. Suivent les régions Auvergne Auvergne-Rhône-Alpes (11,6 %) et les Hauts-de-France (8,8 %). Provence-Alpes-Côte d'Azur se situe en 5e position avec un poids de 7,6 %.

Quelles solutions avez-vous identifiées pour réduire les difficultés de recrutement ?

P. B. : Pour diminuer le déséquilibre entre l’offre et la demande et les tensions de recrutement sur certains postes, nous mettons en œuvre plusieurs dispositifs. Conformément au plan de réduction des tensions de recrutement lancé par le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, nous continuons à constituer, au sein de nos agences Pôle emploi, des viviers sectoriels de recrutement. Ils réunissent 150 à 200 candidats par agence, disponibles immédiatement et susceptibles d’être intéressés par les métiers du secteur. Nous amplifions les efforts de formation à leur intention, afin de les doter des compétences spécifiques attendues par les employeurs.

De leur côté, les entreprises et les fédérations souhaitent faire émerger de nouvelles vocations via la découverte de leurs métiers. Elles font la promotion, par exemple, de l’immersion professionnelle en entreprise. Ce dispositif se révèle particulièrement pertinent pour aider un candidat à s’imprégner des valeurs et du fonctionnement de l’entreprise à laquelle il postule. Et en interne, tous les salariés se retrouvent de fait mobilisés pour la réussite de ce recrutement. En région Paca, depuis mai 2022, nous avons commencé à expérimenter une offre de service innovante développée grâce au Fonds de la Région Sud. Ce programme appelé détection de potentiel offre aux personnes en recherche d’emploi la possibilité de découvrir et tester leurs compétences pour exercer un métier en tension. Nous pensons organiser près de 2 000 ateliers de détection de potentiel cette année. 

Selon vous, comment faire progresser la connaissance des métiers et valoriser l’image des professionnels du secteur ?

P. B. : Pour (re)donner une image positive au secteur du transport & de la logistique, il faut exposer la palette de métiers et souligner la proposition de valeur globale : les avantages, les rémunérations, l’ambiance, les locaux, les collègues de travail, les évolutions professionnelles… et bien sûr, les parcours de formation. Ouvrons la route, faisons vivre le secteur du transport & de la logistique ! Comme l’a montré avec succès la 1re édition de la Semaine des métiers du transport & de la logistique, quoi de mieux qu’une semaine évènementielle pour diffuser des messages percutants, présenter une offre dans sa globalité et valoriser des métiers souvent méconnus ?  

Quelles sont les spécificités de la région Sud sur le secteur du transport & de la logistique ?

P. B. : Notre économie régionale est fortement impactée par le flux important de marchandises qui transitent par le Grand Port Maritime de Marseille, le deuxième port de France dans le transport de marchandises et la porte d’entrée du sud de l’Europe. La filière doit cependant faire face à des problèmes d’attractivité des métiers. Ces difficultés sont renforcées par l’évolution liée aux transitions numériques (digitalisation des environnements de travail) et écologiques (avec la volonté de limiter la pollution et la consommation d’énergie utilisée par les camions, les transports en commun ou les navires). Un autre changement concerne « l’esprit client », qui tient désormais un rôle prépondérant dans les métiers et dans les critères de sélection des candidats par les employeurs.

La région Sud dispose par ailleurs d’une zone d’activité logistique implantée à Grand-Miramas, sur un axe géostratégique, qui offre aux entreprises installées sur place une accessibilité de choix aux différentes infrastructures. Les activités logistiques bénéficient ainsi d’un accès facile aux autoroutes A7 (Marseille - Lyon - Paris) et A54 (Espagne - Italie), et d’une proximité avec l'aéroport de Marseille et le Port de Fos-sur-Mer. Finalement, dans la région Sud, nous constatons un turn-over important sur tous les métiers et une pyramide des âges vieillissante (50 ans en moyenne), surtout pour le transport sur route moyenne et longue distances. Certes, cette situation apparaît comme une menace pour la pérennité de certaines entreprises, mais c’est aussi une opportunité pour des demandeurs d’emploi, y compris peu qualifiés ou éloignés de l’emploi, de trouver un poste stable. 

Comment s’annonce cette 2e édition de la Semaine du transport & de la logistique ?

P.B : Le programme de cette semaine sectorielle est riche, les régions ont majoritairement prévu deux actions pour chaque agence : portes ouvertes dans les centres de formation, webinaires, job datings, forums, visites d’entreprises à la recherche de candidats, et bien d’autres animations… Nous espérons que cette mobilisation renouvelée du secteur, en interne comme en externe, rencontrera un public encore plus nombreux que lors de la 1re édition.