Opinions
Sylvie Bénard, fondatrice de La Dame à la Licorne : « Il n’existe aucune solution toute faite pour permettre la transformation environnementale d’une entreprise »
Docteur ingénieur en sciences agronomiques, Directrice de l'environnement du groupe LVMH de 1992 à 2020, puis fondatrice du cabinet de conseil La Dame à la Licorne, Sylvie Bénard voit dans le modèle commercial et la rémunération de chaque métier l’un des leviers d’accélération de la transformation environnementale des entreprises.
Publié le 17/11/2023
Fille de deux biologistes qui baignaient dans les sujets environnementaux, j’ai eu la chance de participer en 1992 au Sommet de la Terre, à Rio. Pour les enjeux environnementaux, cela a été un moment énergisant, avec la mise en place des premières réglementations environnementales et une prise de conscience internationale de ce qui allait se passer. Agronome, chercheuse chez Hennessy, j’ai alors décidé de m’emparer de ce sujet qui allait transformer la vie des entreprises. LVMH m’a fait confiance pour créer la fonction de Directrice de l’environnement au sein du groupe, poste que j’ai occupé pendant vingt-huit ans. J’ai eu la chance d’avoir une carrière passionnante sur un sujet émergent qui est aujourd’hui devenu évident.
Il n’existe aucune solution toute faite pour permettre la transformation environnementale d’une entreprise. Pour savoir où et comment agir, il est nécessaire de connaître de l’intérieur comment l’entreprise fonctionne, sa culture, son histoire, pour l’aider à trouver les solutions, les plans d’action et les bons outils de mesure, comme le bilan des émissions de gaz à effet de serre, le bilan biodiversité ou l’analyse de cycle de vie… Il s’agit, par exemple, de connaître du début à la fin la chaîne de valeur, du champ qui produit la matière première jusqu’à la fin de vie. Sur ces différentes étapes, de l’extraction à l’utilisation, en passant par la production, la distribution, où sont les grands risques en matière environnementale ? Je m’aperçois que finalement peu d’entreprises ont une vision complète de cette chaîne de valeur. La réalisation d’une matrice va permettre de déterminer les enjeux les plus importants pour chacune d’entre elles et l’aider à mettre en place des actions efficaces pour réduire les impacts.
Une fois ce travail d’analyse effectué, tous les collaborateurs de l’entreprise doivent devenir parties prenantes pour définir des objectifs partagés. Par exemple, les acheteurs peuvent mesurer l’impact environnemental et social chez les fournisseurs. Les logisticiens peuvent imaginer des solutions de transport moins émettrices de gaz à effet de serre. Le commercial doit vendre des produits, mais aussi faire part à l’entreprise des réflexions des clients, qui souhaitent désormais plus de transparence sur les produits, les matériaux et les conditions de fabrication. Pour partager cette volonté, pourquoi ne pas mettre tout le monde autour de la table pour définir les objectifs à atteindre ? Ainsi, chaque métier comprendra son rôle et les conséquences de chacune de ses décisions en matière sociale et environnementale. Il disposera d’outils lui permettant de prendre la meilleure décision en fonction des informations dont il dispose.
Ces objectifs environnementaux ne pourront être atteints que si chaque métier y est intéressé financièrement. Si l’acheteur est rémunéré en fonction du volume d’achat, il ne prendra pas la même décision que s’il est rémunéré en fonction du coût total de possession. D’autres critères peuvent par exemple concerner la consommation d’énergie, la réduction du volume de déchets produits… À chaque niveau de hiérarchie, du chef d’équipe jusqu’au comité exécutif, les rémunérations doivent inclure un volet environnemental. C’est aussi de cette manière que le modèle commercial de l’entreprise pourra évoluer et intégrer l’atteinte de nouveaux objectifs environnementaux et sociaux, en plus des plans d’action.
Plus d'actualités
Article
Concours « Talents des Cités » 2023 : Hair [...]
Le salon de coiffure lillois Hair Expert Academy a remporté le Prix Pôle emploi du Concours « Talents des Cités » 2023. L’entreprise, qui est aussi centre de formation continue, embauche exclusivement des salariés et apprentis en situation de handicap ou de précarité. Solidaire et engagée, elle intègre également une dimension environnementale dans les activités de coiffure.
Article
La filière textile tisse sa toile made in France
SEMAINE DES MÉTIERS DE L’INDUSTRIE. Depuis une dizaine d'années, une multitude d'initiatives en faveur de la relocalisation de la production textile émerge en France, notamment dans le secteur du prêt-à-porter. À la clé, des articles innovants, respectueux de l’environnement et créateurs d’emplois !
Article
Les Écoles de la 2e Chance et L'Industreet, [...]
SEMAINE DE L’INDUSTRIE. Créées à la fin des années 1990, les Écoles de la 2e Chance (E2C) sont dédiées à la lutte contre le décrochage scolaire et à l'accompagnement des jeunes sans diplôme ni qualifications. En partenariat avec L’Industreet, un centre de formation spécialisé dans la formation aux nouveaux métiers de l'industrie, créé à l'initiative de TotalEnergies, elles offrent aux jeunes des opportunités intéressantes pour se former à de nouveaux métiers de l'industrie.
Ailleurs sur le site
L’état de l’emploi dans votre ville
Retrouvez les chiffres du marché du travail dans votre commune de plus de 5000 habitants.
Ensemble pour l'emploi
Retrouvez tous les chiffres permettant d'évaluer l'efficacité de notre action auprès des demandeurs d'emploi et des entreprises.