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« Pour réussir et être compétent, autant vous concentrer sur ce qui vous passionne ! »

Pierre Cocheteux, coach entrepreneurial, est un fin connaisseur de la culture japonaise. Dans Mettez votre Ikigaï au service de votre réussite professionnelle (éd. Maxima), lauréat du prix du Conseiller Pôle emploi, il prodigue une marche à suivre pour mettre cette philosophie de vie nippone au service du développement de votre entreprise. Pôle emploi lui a demandé quelques précisions.

Publié le  20/11/2020

Photo-Pierre-_art_org.jpg (Crédit photo : Alexandre GODARD)

Crédit photo : Alexandre GODARD

Qu’est-ce que c’est, l’Ikigaï ?

C’est avant tout une philosophie de vie qui prend ses origines sur l’île d’Okinawa, dans le Japon médiéval, l'île connue pour être l’endroit du monde où l’on vit le plus vieux. Elle explique comment entretenir une bonne relation avec soi-même, avec les autres êtres vivants, la nature, comment s'alimenter correctement… Bref, son champ d’application est très, très vaste. Ikigaï est la combinaison de deux idéogrammes japonais : Iki, qui signifie vie, vivant, et Gai, qui pourrait être traduit par fruit, résultat. L’Ikigaï, c’est donc le résultat qui provient de la vie. Sur Internet, on peut le trouver symbolisé par quatre questions, représentées par quatre cercles qui s’entrecroisent, et qui doivent permettre au lecteur de déterminer le métier pour lequel il est fait : qu’est-ce que vous aimez, en quoi êtes-vous bon ou meilleur que les autres, de quoi le monde a-t-il besoin, pourquoi pouvez-vous être payé.

 

Dans votre livre, vous appliquez l’Ikigaï au monde de l’entreprise.

Habituellement, ce sont les coaches en développement personnel qui proposent à leurs clients de réfléchir à ces questions. Dans mon livre, j’expose que cela peut en fait servir à toute personne en situation de reconversion professionnelle, pour remettre du sens dans son travail. 

Je cite l’exemple d’un de mes amis, qui est rippeur, c’est-à-dire qu’il ramasse les ordures derrière les camion-bennes. Le métier n’est peut-être pas considéré par tous comme gratifiant, mais pour mon copain, il est utile et même nécessaire : son métier consiste à remettre de la beauté et de la propreté dans la vie. Cela fait sens pour lui.

Dans ce livre, je m’adresse plutôt à des entrepreneurs. J’ai donc adapté cette philosophie à une réflexion de type entrepreneurial. On doit se poser des questions lorsque l’on crée une entreprise : à qui je m'adresse, qui sont mes clients, quels sont leurs besoins, comment je vais répondre à ce besoin à partir de quelque chose pour lequel je suis bon et doué. La réflexion pour mon livre part de cette idée d’adapter l’Ikigaï au monde de l’entreprise.

 

Comment se matérialise l’Ikigaï entrepreneurial ?

Sans rentrer dans le processus que je décris dans mon livre, il faut se poser les quatre questions traditionnelles, adaptées au projet professionnel. Que je sois chercheur d’emploi ou un dirigeant d’entreprise, la démarche reste la même. D’abord, qu’est-ce que j’aime faire, et pour quoi suis-je doué ? J’entends beaucoup de mes collègues dire que la réussite se trouve en dehors de notre zone de confort. Ce n’est pas complètement faux, il faut appliquer des stratégies nouvelles pour obtenir des résultats différents. Mais si je veux réussir et être compétent, autant me concentrer sur ce qui me passionne, ce pour quoi je suis naturellement doué ! Je cite l’exemple du plus grand bijoutier du monde, un Indien issu des bidonvilles d’une des plus grandes villes d’Inde. Il se passionne tout petit pour la joaillerie et les pierres précieuses. Une passion qui lui permet de surmonter tous les obstacles ! Cette question est la première étape, et elle nécessite d'être accompagné. Quand on aime quelque chose, cela nous semble tellement facile qu’on finit par déprécier cette compétence et penser que c’est facile pour tout le monde…

Ensuite, dans l’Ikigaï entrepreneurial, la question : qu’est-ce qui pourrait me rapporter de l’argent ? devient : pourquoi est-ce que mes clients me paieraient ou échangeraient de l’argent en échange de ma compétence ? C’est une vraie question. Beaucoup de gens se lancent dans le monde entrepreneurial avec une belle idée sans besoin, et s’épuisent parce qu’ils n’ont pas pris le temps de répondre à cette question. 

Et la dernière question : de quoi mon client a-t-il vraiment besoin et comment je peux l’aider ? J’ai développé un processus. Ce livre est le résultat de ma réflexion professionnelle, tout au long de ma carrière. 

 

Avez-vous appliqué l’Ikigaï au cours de votre propre carrière ?

Tout à fait. Je suis psychanalyste de formation, et j’ai exercé le métier de psychothérapeute pendant de longues années. Puis, j’ai déménagé, et carrément changé de région. J’ai dû repartir de zéro, ex nihilo, dans un monde beaucoup plus concurrentiel et bouché. Comment, me suis-je demandé, me faire repérer ? Me différencier ? Je me suis, pour répondre à cette question, tourné vers mes passions. Et notamment, mon amour, que je ne saurais expliquer, pour la culture japonaise. C’est alors que j’ai redécouvert la philosophie de l’Ikigaï. J’ai essayé d’en faire quelque chose dans mon propre cabinet, et j’en ai constaté les résultats : en fait, je me suis rendu compte que ça pouvait aider d’autres personnes ! J’ai évolué d’un métier de thérapeute à celui de coach consultant. Mon but, désormais, est d'insuffler du sens dans l’activité de certains dirigeants d’entreprises. Ils viennent souvent me voir suite à un aléa de la vie, un divorce, un accident : le travail, bien que toujours important à leurs yeux, devient secondaire.

L’Ikigaï va-t-il devenir à la mode ? 

Il y a des effets de mode, et on commence à voir fleurir un certain nombre d’ouvrages sur le sujet de l’Ikigaï, malheureusement peu traduits en français. C’est lié à un changement de paradigme. Avec la crise du Covid, les jeunes générations commencent à se dire que le capitalisme montre ses limites, qu’il faut essayer de remettre du sens dans le travail, et surtout de replacer l’économie au service de l’Homme. Il y a un mouvement de fond de la société qui consiste à essayer de remettre du sens dans son activité professionnelle, que l’on n’exerce plus uniquement pour des raisons alimentaires. Et cela profite à la philosophie de l’Ikigaï.

Souhaiteriez-vous que les conseillers Pôle emploi insistent sur cet aspect auprès de ceux qu’ils accompagnent ?

Prendre du temps pour aider une personne à se recentrer sur ce dans quoi elle est douée, c’est toujours une démarche gagnante. Je ne peux qu’encourager les conseillers à continuer d’aider les candidats à remettre du sens dans leur CV, à trouver un fil rouge, à se différencier grâce à l’Ikigaï.

Pierre Cocheteux, Mettez votre Ikigaï au service de votre réussite professionnelle,  éditions Maxima

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