Frédéric Sévignon : « De très belles opportunités à saisir »

Le milieu agricole fait face à des difficultés de recrutement, comment Pôle emploi fait-il pour y remédier ? 

La pénurie de main d’œuvre et les difficultés de recrutement existaient déjà. Depuis deux ans, avec la crise sanitaire, cela s’est accentué. Il faut redoubler d’innovations, d’inventivité pour trouver les moyens de permettre le rapprochement entre les candidats et les entreprises, qui peinent à recruter. C’est le sujet breton ! On le fait au travers d’opérations comme ce « Voyage en Agriculture » pour trouver les solutions attendues par les agriculteurs. Par ces Journées des métiers de l’agriculture, avec 82 rendez-vous, nous donnons ce coup de projecteur sur cette filière! Parce qu'il y a de réels besoins.
 

Faut-il combattre des idées reçues pour séduire des demandeurs d’emploi qui ne pensent pas à ces métiers ?

On le fait à double titre. Pour les entreprises, pour qu’elles aient un regard différent sur les candidats, qu’elles puissent accepter des profils qui sont, peut-être, un peu plus éloignés de l’emploi -demandeurs d’emploi longue durée, bénéficiaires du RSA, en situation de handicap-. C’est un vivier, qui regorge de compétences, auxquels les entreprises n’ont pas forcément pensé. Vis-à-vis des publics demandeurs d’emploi, auxquels on explique que les métiers ont changé, que l’agriculture n’est pas celle d’il y a 40 ans ! Je pense notamment aux jeunes et aux opportunités qui existent dans le numérique autour de ces métiers. On ne fait pas souvent le lien entre agriculture et numérique, alors qu’il y a des choses extraordinaires, par exemple, avec les tracteurs connectés, les drones permettant d’automatiser certains traitements ou encore la traite automatisée des vaches.
 

L’augmentation des salaires est-elle un levier pour attirer ?

Le monde agricole a compris que, si on veut fidéliser les publics -les demandeurs d’emploi ou les salariés-, il faut regarder le côté rémunération et il y a eu des augmentations. Sont-elles suffisantes ou pas ? Ce n’est pas à moi de le dire, mais, aujourd’hui, cette question n’est pas abstraite. Des efforts ont été faits, permettant, d’avoir des rémunérations équivalentes aux autres secteurs d’activités. 
 

Êtes-vous confiant pour le monde agricole ? De plus en plus, le public qui va travailler dans le milieu agricole n’en est pas issu… 

C’est la réalité : aujourd’hui, un demandeur d’emploi sur deux reprend une activité dans un domaine qui n’est pas celui dans lequel il s’est inscrit au départ. Ça veut dire que si on explique, si on montre les choses, si on va dans les exploitations, si on montre les outils de travail, je suis convaincu que des demandeurs d’emploi -qui n’ont pas pensé du tout à un travail dans ce domaine- seront très intéressés et y accepteront un emploi. La formation est également présente, avec le Conseil régional à nos côtés. Et il y a de très belles opportunités à saisir.