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Avenir pro : des conseillers aux côtés des jeunes des lycées pro

Depuis janvier, Pôle emploi expérimente, dans le cadre d’un dispositif territorial d’accompagnement (DTA), un nouveau type d’accompagnement des jeunes en lycée professionnel. Objectif d’Avenir Pro : faciliter leur entrée sur le marché du travail. Reportage à Epinal et Nancy.

Publié le  21/06/2022

Les chiffres sont têtus. Le taux de chômage des sortants de CAP est de 50 % à un mois, de 42 % à 6 mois. Pour les diplômés Bac pro, ce n’est pas mieux : de 45 % à un mois, et de 30 % à 6 mois (chiffres Cereq 2020). Fort de ce constat, Science Po Paris s’est inspiré d’un dispositif japonais pour expérimenter avec Pôle emploi l’accompagnement des élèves par des conseillers placement au cœur des établissements professionnels. Financé par le Fonds social européen (FSE), Avenir pro est un accompagnement personnalisé qui doit permettre aux futurs bacheliers des lycées professionnels de se préparer à la recherche d’emploi et aux exigences du marché du travail en expérimentant des modes d’intervention du service public de l’emploi en milieu scolaire. «Ce suivi se fait en deux phases. Nous suivons 5000 élèves lors de la phase 1, de janvier à l’obtention du diplôme, et 2500 lors de la phase 2. La phase deux, c’est le suivi individuel, hors établissement scolaire, de jeunes tirés au sort et qui se terminera en octobre 2022» explique François Xavier Lainte, conseiller DTA Avenir Pro, rattaché à l’agence Pôle emploi d’Épinal Voivre. Est-ce que ces jeunes vont décrocher plus facilement un travail ? C'est bien ce que cherche à mesurer Sciences Po.

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Un dispositif qui s’inspire d’un modèle japonais

François-Xavier travaille avec quatre établissements professionnels à Épinal, Gérardmer et Remiremont. Très bien accueilli par le rectorat et le personnel enseignant, le conseiller rencontre les lycéens lors des plages de cours dédiées. «Certains regardent les choses d’un œil distant, d’autres se mettent à fond dans le dispositif avec l’espoir de dénicher un emploi le plus rapidement possible». Pas évident à 17 ou 18 ans de se dire «bon aller, c’est mon avenir professionnel qui m’attend là au début de l’été ». Pourtant c’est bien le but du dispositif. François Xavier ne travaille pas seul pour Avenir Pro. Avec lui, des conseillers entreprise et des psychologues du travail préparent des ateliers et des séances de découverte du marché du travail. «Nous étudions le marché du travail. Pour certains, comme les étudiants des métiers de la restauration, de l’hôtellerie, c’est déjà un acquis. Pour d’autres, comme certains futurs bacheliers en commerce, c’est une vraie découverte. Ensuite nous travaillons sur les compétences : comment les identifier et les valoriser». Mais la plus grande attente des lycées se cristallise autour des techniques de recherche d’emploi et de la préparation aux entretiens d’embauches. «Ils sont vraiment très demandeurs. On les met en condition pour les préparer à la dernière étape, la rencontre d’employeurs. Nous travaillons sur des applications dédiées comme IMT, la bonne boite, l’Emploi store. Je pensais que cela irait de soi, mais en fait à part Tiktok, Instagram ou Whatsapp, ils ne savent pas naviguer, faire une recherche, sélectionner des critères de recherche. C’est déjà un bel exercice de voir ce qu’il est possible de faire et de trouver avec internet !»

«On a vraiment pu comprendre que la façon de se tenir, la façon de parler, le ton qu'on emploie, c'est très important»

Au lycée Marie Marvingt de Tomblaine, ce jour-là, France Info est en reportage. Dans la salle, une dizaine de jeunes lycéennes participent justement à un atelier de rechercher d’emploi. «En partant du site de la bonne boîte, vous devez me trouver cinq entreprises susceptibles de vous recruter.» Marine Accou, conseillère à Nancy Cristallerie, intervient régulièrement depuis le mois de janvier. L'exercice, ce jour-là, est d'identifier des entreprises sur internet. «Pour préparer sa candidature, on peut trouver le nom, le prénom du directeur, du PDG, du chargé de recrutement», explique-t-elle. Esther, 18 ans, s'apprête à passer son bac pro esthétique. Son ambition : entrer tout de suite dans le monde du travail. «On a fait des mises en scène entre nous : comment se comporter à un entretien, la tenue et l'importance du langage corporel, raconte l'étudiante. On a vraiment pu comprendre que la façon de se tenir, la façon de parler, le ton qu'on emploie, c'est très important. Il y a aussi le fait de faire la différence entre le savoir-être et le savoir-faire, parce que, là aussi, on a parfois du mal à remplir la case compétences sur nos propres CV. On a pu bénéficier de l'aide et des astuces pour pouvoir compléter tout ça», explique la jeune femme.

Retrouvez le reportage de France Info