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Travaux publics : « Moins de réunions et plus de visites de chantier »

Début juillet, près d’une trentaine de personnes visitent avec intérêt le chantier du contournement nord-est de Metz. Invités par Pierre-Etienne Chausse, secrétaire général de la fédération des travaux publics de Lorraine, demandeurs d’emploi et conseillers Pôle emploi s’immergent une demi-journée dans le quotidien d’un chantier autoroutier pour en découvrir la technicité et la diversité des métiers. Interview.

Publié le  22/08/2022

Comment se prépare une telle visite ?

Il faut déjà trouver un chantier avec un intérêt pédagogique. Pour le contournement, la visite s’est organisée lors d’une transition entre plusieurs phases du chantier, ce qui permettait de voir la route à différents moments. Il faut également que les visiteurs puissent approcher le chantier dans des conditions optimales pour avoir des explications intéressantes sans trop de risque. Si on visite un chantier de canalisation par exemple, on doit pouvoir visualiser la canalisation, sinon ce ne sera pas très intéressant. C'est une question de calendrier pour tomber dans la bonne phase du chantier. Sur le chantier du contournement, nous avions un public composé de formateurs, conseillers et demandeurs d’emploi. On s'est tous retrouvés au centre-ville de Metz, puis on a embarqué tout le monde dans le bus, pour se rendre sur place.

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A part conducteur de pelleteuse, ce ne sont pas des métiers auxquels on songe quand on est en reconversion professionnelle, (…) au collège, ou au lycée.

Pierre-Etienne Chausse
secrétaire général de la fédération des travaux publics de Lorraine

Quel est votre objectif en organisant ces visites ?

Elles permettent de clarifier la différence entre bâtiment et travaux publics. Le bâtiment, c'est tout ce qui nous abrite, et les travaux publics, c’est tout ce qui relie ces bâtiments, donc toutes les infrastructures. Il y a de nombreuses spécialités dans les travaux publics. On construit des routes, tout ce qui touche à la circulation de l'eau et à l'assainissement, des ouvrages d'art, des ponts et tunnels électrifiés. On travaille sur les voies ferrées, les voies fluviales, et cetera quoi. Et les métiers à l'intérieur de ces spécialités sont très méconnus. A part conducteur de pelleteuse, ce ne sont pas des métiers auxquels on songe quand on est en reconversion professionnelle ou même en orientation au niveau du collège, ou du lycée. Par exemple, l’un des aspects très importants dans ces métiers, c'est le côté collectif : vous ne pouvez rien construire tout seul. Les travaux publics, c’est un peu comme une fourmilière, avec des conducteurs de travaux, des chefs de chantier, des gens qui sont à l'exécution et en amont des ingénieurs dans les bureaux d’études. Pour le contournement nord-est de Metz, on pourrait penser qu’on met juste un coup de bulldozer et un petit coup de bitume dessus. Mais en fait, il y a beaucoup de travail en amont avec des géomètres, une analyse de la topographie, de la constitution des matériaux sur place… Les gens sont très surpris de voir que ce n’est pas de l'improvisation. Ils découvrent le l'envers du décor et rencontrent directement les acteurs de ces travaux et de voir la variété des métiers dans l'encadrement, dans l'ingénierie, dans la préparation de chantier, dans l'exécution. Et pour tous ces tous ces postes, il y a un vrai besoin de recrutement.

Quelles sont les premières réactions des visiteurs ?

Sur le chantier, nous nous sommes retrouvés dans ce qu'on appelle la base vie. C’est un endroit où on réalise le travail de préparation, avec un mini labo pour faire les analyses du terrain, une salle de réunion. C’est une espèce de mini ville. La visite commence par une présentation des travaux publics de façon générale, puis des métiers à proprement parlé. L'entreprise a présenté à la fois son histoire et son projet avec quelques explications sur le déroulement du chantier. 90% des visiteurs étaient satisfaits ou très satisfaits de la visite. Parfois le langage est un peu technique mais en même temps, cela démontre toute la technicité du chantier. C’est une vraie découverte pour les participants, ils découvrent les coulisses d'un monde qu’ils ne connaissent que de l'extérieur.

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Au vu des besoins en recrutement du secteur des travaux publics, est-ce une manière efficace de renforcer l’attractivité de ces métiers ?

On participe à de nombreux événements qui nous permettent d'expliquer les métiers aux jeunes même si les clichés ont la vie dure. Notamment dans le discours des parents, ou même des conseillers d'orientation alors qu’il y a une vraie évolution professionnelle possible dans le BTP. Quelqu'un qui travaille bien peut s'assurer une jolie carrière car il y a une vraie reconnaissance des compétences dans le secteur. Ce sont de beaux métiers dont on peut être fier.

Comment est-ce que vous travaillez avec Pôle emploi ?

Pour cette visite du chantier autoroutier, Pôle emploi a invité demandeurs d’emploi et conseillers. A Nancy, par exemple, c’est à l’initiative de l’agence Pôle emploi de Nancy Cristallerie que nous avions organisé une visite des travaux en centre-ville. Les visiteurs peuvent échanger avec des salariés à différents niveaux sur le chantier. On voit ce que d'habitude on ne voit pas. On subit la gêne qu’occasionne un chantier parce qu’il bloque la circulation, mais on ne voit pas toute la machinerie mise en route, tous les gens qui interviennent. Les conseillers d'orientation, les conseillers pour l'emploi gagnent à participer à ces visites. On préfère faire moins de réunion et plus de visites de chantier ! C’est plus concret.

On a souvent l'image de l'homme dans la force de l'âge mais c’est totalement révolu. Nous avons de plus en plus de femmes conductrices d'engin, cheffes de chantier, dans l'encadrement.


Est-ce qu'il y a des profils plus recherchés que d’autres dans les métiers du TP ?

Tout le monde est bienvenu dans les travaux publics ! On a de belles histoires de reconversion professionnelle dans tous les métiers et tous les postes. Un fleuriste qui travaille dans les canalisations, un commerçant en bureau d’études… La plupart sont des gens qui n’ont pas forcément le profil. On a souvent l'image de l'homme dans la force de l'âge mais c’est totalement révolu.  Nous avons de plus en plus de femmes conductrices d'engin, cheffes de chantier, dans l'encadrement. Et pourtant je ne connais pas beaucoup de collégiennes qui rêvent d’être géomètres. Une femme qui veut être ingénieur va plutôt penser à l'agroalimentaire, à la mécanique automobile, mais pas forcément aux travaux publics. Or on a besoin d'ingénieurs pour bâtir nos ouvrages d'art, nos ponts, nos tunnels.

Top 5 des métiers qui recrutent dans les travaux publics

(données d’enquête Edec TP, décembre 2021)

1. Conducteur d’engins de travaux publics
2. Chef de chantier
3. Constructeur de routes

4. Conducteur de travaux
5. Constructeur de réseaux de canalisation