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Secteurs en tension : comment susciter des vocations ? Interview de Pascal Blain

Expérimentée depuis 2021, la Détection de potentiel prend de l’envergure en Provence-Alpes-Côte d’Azur avec le soutien de la Région Sud. Dès cette année 10 000 demandeurs d’emploi l’auront essayée avant de doubler les possibilités en 2023. Tour d’horizon avec Pascal Blain, directeur régional de Pôle emploi.

Publié le  27/06/2022

Quelles sont vos ambitions concernant la Détection de potentiel ?

La Détection de potentiel est un formidable outil  qui vient renforcer notre politique d’accompagnement des secteurs en tension : comme par exemple bâtiment, commerce, hôtellerie-restauration tourisme, industrie, transport, logistique, services à la personne et santé. Elle s’insère dans notre volonté de faire connaitre les opportunités et gisements d’emploi et d’attirer des nouveaux profils.

La crise sanitaire a largement rebattu les cartes du monde du travail. Nous constatons par exemple qu’un demandeur d’emploi sur deux souhaite se reconvertir, c’est notre rôle à Pôle emploi de mettre en lien les secteurs qui recrutent et les chercheurs d’emploi.

Concrètement comment cela fonctionne ?

L’atelier Détection de potentiel se déroule en trois étapes : 

  • Une présentation du secteur animée par des professionnels (entreprise, branche, organisme de formation…) couplée à l'utilisation de casques de réalité virtuelle pour une immersion à 360°. Cette première étape est très importante, pour  faire tomber les a priori, présenter les passerelles et les possibilités d’évolution. C’est l’occasion d’échanger sur son parcours. 
  • Une étape de mise en situation ou de manipulation.  Inspirés de la Méthode de Recrutement par Simulation, les exercices permettent de révéler les savoir-être, les compétences transverses et les habiletés nécessaires pour exercer dans le secteur. 
  • Le débrief : le conseiller Détection de potentiel échange en tête à tête avec le candidat autour de l’expérience qu’il a vécue et met en place un parcours d'orientation.

Quel est l’intérêt pour les entreprises ?

Participer à ce type d’atelier leur permet de faire connaitre leur secteur et leurs conditions de travail, dont les images sont parfois un peu erronnées. On ne parle pas de l’industrie en 2022 comme au début du siècle et c’est valable pour tous ces secteurs en tension qui ont largement fait évoluer leurs conditions d’exercice. Un autre intérêt majeur, me semble-t-il, c’est que la Détection de potentiel permet aux employeurs d’aller sourcer des candidats dont les profils sont fiabilisés et qui ont montré une réelle appétence pour leur secteur. Enfin, c’est un engagement de l’entreprise qui capitalise sur l’avenir et sur ses recrutements futurs.

Il est trop tôt pour parler de résultats ?

L’expérimentation en 2021 nous a montré que cela fonctionne : 40 ateliers ont été organisés et 80% des candidats dont le potentiel a été détecté ont intégré le secteur ciblé. C’est pour cela que le Fonds Sud Compétences du conseil régional nous soutient et nous permet de proposer ce nouvel outil à un plus grand nombre.

Ce service répond autant aux besoins des demandeurs d’emploi que des entreprises. Pour certains publics comme les demandeurs d’emploi de longue durée ou les jeunes, il permet de se (re)découvrir professionnellement et je pense que susciter des vocations fait partie de nos missions. 

Ces ateliers sont une vitrine pour les entreprises et les métiers qui recrutent. Y participer représente un investissement qui peut être rentabilisé rapidement. 
Les professionnels du recrutement et les dirigeants les ont découvert le 30 juin, à l’occasion des rencontres de l’innovation RH. Ils seront invités à les expérimenter dans les agences qui les organisent.