Entretien avec Laurent Benvenuti, Délégué Régional de la Fédération Nationale des Transports de Voyageurs

Le Transport Routier de Voyageurs (TRV) en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce sont près de 8 000 emplois dont 80% sont dédiés à la conduite des autocars et des autobus. Dans notre région, les entreprises de TRV assurent pour l’essentiel des missions de service public (transport régulier et scolaire organisé par les collectivités locales) mais également des services touristiques et des services librement organisés baptisés « cars Macron ». C’est un secteur stratégique, un rouage essentiel du système régional de mobilité et un secteur qui fait face en cette fin d’année à des difficultés historiques de recrutement.

Quelles sont les difficultés de recrutement dans le secteur du transport ?

Elles ne sont pas neuves et ont des origines structurelles :

• Démographie du secteur (âge moyen des métiers de la conduite 50 ans)
• Taux de rotation et difficultés à fidéliser les effectifs
• Attractivité et déficit d’image des emplois du Transport routier de voyageurs
• Poids du temps partiel dans la demande de recrutement
• Fluidité du marché du travail
• Difficultés de prescription de formations

Quelles sont les conséquences de la reprise d'activité suite au confinement ?

Les difficultés que nous rencontrons ont atteint une dimension exceptionnelle dans l’été et à la rentrée pour des raisons essentiellement conjoncturelles et notamment un effet ciseau non anticipé entre une reprise d’activité plus forte que prévue et des effectifs salariés qui avaient été placés en activité partielle et qui n’ont pas repris naturellement le chemin des entreprises.

Aujourd’hui, plus de 80% des adhérents de la FNTV déclarent faire face à des problèmes aigus de recrutement. La dernière mesure des besoins de recrutement réalisée par FNTV PACA fait état d’un besoin régional immédiat de près de 250 nouveaux collaborateurs, pour l’essentiel des conductrices et des conducteurs (200 postes à pourvoir rapidement) mais également des agents de maintenance (une cinquantaine de postes à pourvoir). A moyen et long terme, ces besoins ne se tassent pas et nous sommes sur une trajectoire annuelle de 500 nouveaux recrutements pour les 12 mois qui viennent.

Qu'avez-vous mis en place avec Pôle emploi pour y répondre et avec quels résultats ?

La profession déploie une stratégie locale et nationale. Au plan national, les partenaires sociaux ont la charge de discuter le cadre conventionnel d’exercice des métiers du Transport routier de voyageurs. Au plan local, l’action de la FNTV consiste prioritairement à organiser partout sur le territoire régional, des opérations collectives de recrutement et de formation aux métiers de la conduite.
Ces opérations, conduites en partenariat avec Pôle emploi et l’OPCO mobilités, sont une réponse concrète aux besoins de recrutement et de formation initiale qu’expriment nos adhérents.

Parlez-nous des opérations de recrutement avec Pôle emploi

Depuis janvier 2020, nous avons ainsi lancé 74 sessions de formation de conducteurs en Actions de Formations Collectives (AFC) et 21 sessions de formation en Préparation Opérationnelle à l'emploi collective (POEC) pour un total de 832 nouveaux conducteur/trices à former et recruter. Notre collaboration a notamment permis de mieux coordonner les calendriers des AFC et des POEC afin d’optimiser la prescription, éviter la concurrence des dispositifs et tendre vers une meilleure efficacité des ressources mobilisées.
Depuis la rentrée, nous avons programmé de nouvelles opérations collectives de recrutement et de formation dans les 6 départements de la région pour un total de 150 places en formation avec une forte implication de nos entreprises adhérentes et des agences locales Pôle emploi.

Notre partenariat avec Pôle emploi consiste également à organiser la mise en relation entre les demandeurs d’emploi en recherche active de poste dans le Transport routier de voyageurs et nos adhérents qui recrutent. Il s’agit notamment de favoriser l’utilisation par les entreprises  des nouveaux outils mis à disposition par Pôle emploi et notamment la bonne compétence pro.

Nous menons également ensemble une action commune pour travailler sur la prescription et l’orientation des demandeurs d’emploi vers nos métiers. Nous  organisons ensemble des informations métier et nous participons aux forums organisés par Pôle emploi.

Comment voyez-vous l'avenir de notre collaboration ?

Je crois très sincèrement que notre collaboration a vocation à s’inscrire dans la durée. D’abord parce que nos besoins de recrutement et de formation ne s’éteindront pas prochainement et que nous pouvons raisonnablement considérer qu’à long terme l’activité du transport public va se développer avec des besoins nouveaux de talents et de compétences. Ensuite parce que nous pouvons encore améliorer les dispositifs partenariaux mis en place en mettant sans doute l’accent sur la qualité de la formation initiale et l’excellence des parcours de professionnalisation à proposer aux demandeurs d’emploi. Enfin parce que nos efforts partagés de promotion des métiers doivent se prolonger voire s’intensifier pour des résultats probants en terme de prescription et d’orientation.