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Paroles d'experts. Les enjeux de la filière numérique en Provence-Alpes-Côte d'Azur

230 000 offres d’emploi seront à pourvoir d’ici 2025 dans le numérique. Rencontre avec Anaïs Crouzet, experte régionale, pour décrypter les enjeux de la filière.

Publié le  02/01/2024

Quelles sont les caractéristiques de la filière du numérique dans la région ?

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Anaïs Crouzet
Experte régionale Numérique

 

La filière numérique est très dynamique en Provence-Alpes-Côte d’Azur, une région qui se place parmi les premières en France pour les créations d'emplois dans ce domaine.

Aujourd’hui 85% des offres que nous recueillons se concentrent principalement sur 2 zones géographiques : les Alpes-Maritimes avec Sophia Antipolis et les Bouches-du-Rhône avec Marseille et Aix-en-Provence. Bien sûr d’autres pôles émergent, notamment sur le bassin d’Avignon et de Toulon où des entreprises spécialistes de la cyber sécurité se développent.

Les métiers qui recrutent le plus sont liés à la maintenance informatique (support IT, technicien helpdesk..) et à l'ingénierie de projet en informatique

(codeur, developpeur web). Et c’est là la principale attente des employeurs.
 

La durée moyenne d'inscription d’un développeur web à France Travail est de 7 jours ! Depuis plusieurs années, ce sont des profils très recherchés. Le numérique innerve tous les métiers et secteurs d'activité et cette tendance n'est pas prête de s'arrêter.

Depuis plusieurs années, les métiers en lien avec le design de produits, que ce soit des applications mobiles ou des services en ligne se sont développés. Les entreprises ont des besoins croissants en marketing digital ou en community management. Nous devons accompagner les marques et aider à la croissance des start-up, un secteur prometteur.

Nous sommes la 2ème région la plus créatrice d'entreprises derrière Île-de-France.
 

Quels sont les enjeux de la filière aujourd'hui ?

Selon moi, il existe trois enjeux prioritaires : l’anticipation des besoins de recrutement, la formation et des pratiques de recrutement inclusives. 

Sur un secteur en tension, les offres d’emploi sont plus nombreuses que les candidats ayant le profil recherché. Prenons l’exemple des développeurs web qui sont très prisés. Aujourd’hui, il faut s’ouvrir à de nouveaux profils, par exemple des Bac +3 dans le domaine scientifique mais dont les compétences sont transférables et de leur proposer une formation de développeur. C’est ce que certains appellent du « reskilling ».

Par ailleurs, tous les métiers du numérique ne requièrent pas forcément de diplômes universitaires. Il faut élargir le sourcing des profils, identifier des candidats avec moins de qualifications, moins de diplômes, mais qui ont les savoir-être, l'envie, l'engagement pour travailler dans le secteur, et les former. 

Bien sûr, cela marche uniquement si les entreprises s’ouvrent à des pratiques de recrutement moins conventionnelles et qu’elles sont prêtes à mener une politique RH inclusive, tournée vers tous types de publics. Nous remarquons de plus en plus d’entreprises qui reviennent sur leurs pratiques, qui acceptent de former les demandeurs d'emploi aux besoins de leur entreprise et qui sont ouvertes à l’alternance, une solution éprouvée pour faciliter le recrutement. 
 

Concrètement, que fait France Travail ?

La découverte des métiers est un axe fort de notre action et nous travaillons en étroite collaboration avec les organismes de formation, les entreprises, les associations de quartier, pour faire connaître les métiers du numérique et attirer de nouveaux publics. 
Par exemple nous organisons avec Google et Simplon des journées immersives qui permettent de faire découvrir plusieurs métiers (UX designer, support IT, data analyst, cyber sécurité, Product Manager) grâce à des mises en situation et des ateliers de Détection de potentiel. Sur une vingtaine de participants, plus des 3/4 confirment généralement leur appétence pour l'un des métiers présentés et leur souhait de suivre une formation. Ces journées attirent souvent des candidates, bonne nouvelle puisque, aujourd'hui, la filière compte seulement 28% de femmes. Nous allons développer en 2024 ce type de journée immersiveavec notre partenaire Google mais aussi à l'occasion du déploiement du programme Numeric'Emploi.

D’autres initiatives sont menées avec des organismes de formation comme par exemple avec la Plateforme et les Décodeuses pour attirer des femmes des quartiers prioritaires de la ville ou encore Rocket School dont les étudiants proposent à des demandeurs d’emploi des « Vis ma vie ». 

La formation et la découverte des métiers sont nos priorités pour accompagner les entreprises dans leurs besoins de recrutement, mais pas uniquement. Nous aspirons aussi à une plus grande transparence du marché du travail avec l’ouverture par exemple de la plateforme Fenum, impulsée par la French Tech Grande Provence. Cet outil a été développé grâce notamment aux API de France Travail et du Carif Oref pour proposer de manière exhaustive une cartographie de l'ensemble des entreprises de notre région sur le secteur du numérique, des offres d'emploi dans le secteur du numérique et des sessions de formation numériques sur notre territoire.
 

Pour aller plus loin

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