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Paroles d’experts. « Nous recherchons d’abord des qualités de savoir-être »

Le secteur du transport et de la logistique : état des lieux et perspectives de développement. Entretien avec Caroline Gouy, déléguée régionale Paca Corse de l’Association pour le développement de la formation professionnelle Transport et Logistique.

Publié le  15/09/2021

Le secteur du transport et de la logistique rencontre des difficultés de recrutement. Pour quelles raisons ?

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Caroline Gouy,
déléguée régionale Paca Corse de l’Association pour le développement de la formation professionnelle Transport et Logistique.

 

Certains métiers emblématiques de la filière du transport routier de marchandises et de personnes sont en tension, avec de nombreux postes non pourvus faute de candidats. Cette situation s’explique en partie par une méconnaissance des métiers et des conditions de travail qui ont beaucoup évolué notamment en termes de pénibilité : au cours de ces dernières années, le confort de conduite a été renforcé, les opérations de chargement / déchargement ont été largement mécanisées. A titre d’exemple, dans le secteur de la logistique, des exosquelettes ont fait leur apparition qui permettent de réduire les troubles musculo squelettiques. L’AFT, dans sa mission d’information et orientation des publics (élèves, étudiants, demandeurs d’emploi…), multiplie et diversifie ses actions pour présenter de façon ludique, interactive ces secteurs d’activité et leurs opportunités de carrière.

 

Quels sont les profils de postes les plus recherchés ? Les niveaux d'étude minimum requis ?

Dans le domaine du transport terrestre de marchandises, de très nombreux postes à pourvoir concernent essentiellement ceux de conducteurs et d’exploitants (1). Pour le transport de personnes, la pénurie de conducteurs est particulièrement préoccupante, le secteur étant confronté au défi du renouvellement des générations. Il existe des cursus distincts pour accéder à ces différents métiers : on devient conducteur ou conductrice en transport routier de marchandises ou de voyageurs grâce à un titre professionnel ou un permis et une formation initiale minimale obligatoire (FIMO) et spécifiquement pour le transport de marchandises, par le biais d’un CAP (conducteur routier de marchandises) ou d’un Bac Pro (conducteur en transport routier de marchandises. Pour les futurs exploitants, un niveau Bac+2 minimum est requis (BTS gestion des transports et logistique associée, BUT transport et logistique…). Les secteurs des ambulances ou du déménagement sont également en manque de candidats.

Des compétences spécifiques sont-elles exigées pour ces métiers ?

La plupart des postes impliquent des contacts avec les clients. La posture des candidats est donc essentielle : la politesse, la fiabilité mais également la capacité à travailler en équipe sont des qualités indispensables. Des capacités de résistance au stress sont souvent bien utiles dans les métiers de l’exploitation. Le soin apporté aux véhicules est également une qualité recherchée chez les conducteurs et conductrices.

Quelles sont les perspectives de développement du secteur dans les années à venir ? Les nouveaux métiers en devenir ?

La question de l’environnement est un gros enjeu pour la profession. La « logistique du dernier kilomètre » y est étroitement liée : les pouvoirs publics s’attachent à limiter le trafic routier dans les espaces urbains, ce qui suppose d’organiser les flux autrement : c’est ainsi que des plateformes (hub) ont été créées en périphérie des villes au sein desquels les marchandises sont acheminées par des poids-lourds. La livraison finale est ensuite assurée par des véhicules légers : ces schémas sont en évolution permanente pour toujours s’adapter aux besoins de la collectivité. Les outils évoluent également : les constructeurs ont créé des véhicules autonomes techniquement au point. Mais la législation et les infrastructures existantes ne permettent pas encore la circulation de tels véhicules. Enfin, un autre grand défi est celui de la féminisation de nos métiers : pourquoi se passer de la moitié de l’humanité pour occuper des postes massivement tenus par des hommes (97% des emplois de conduite en transport routier de marchandises) ? Reste à convaincre les jeunes filles, leurs parents mais aussi les personnes en charge de leur orientation de la possibilité de s’épanouir dans de tels métiers. L’AFT y travaille : son projet SALTOO (Sensibiliser les acteurs sur la logistique et le transport pour une orientation objective) sera déployé d’ici fin 2021.

(1) L’exploitant(e) transport et logistique prend en charge la coordination entre les conducteurs et les clients. Il se préoccupe de la planification et de l’optimisation des chargements.