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Osez recruter les profils littéraires en entreprise

Alors que les études littéraires ont la réputation tenace d’offrir peu de débouchés, les profils issus de ces parcours seraient de plus en plus recherchés par les entreprises. Décryptage.

Publié le  26/04/2022

Pendant longtemps, on a considéré qu’il fallait devenir médecin ou ingénieur pour réussir sa vie professionnelle et il a souvent été dit aux littéraires qu’ils étaient destinés à devenir professeur, de français, de langues, d’histoire… Les profils littéraires deviennent cependant de plus en plus convoités par le secteur privé. Dans le domaine du numérique, par exemple, être littéraire a la cote. Les compétences de ces profils, et notamment leurs plumes acérées, sont recherchées pour rendre les services technologiques attractifs.

Selon Céline Bähr, consultante en innovation et en stratégie digitale, dans une tribune pour FigaroVox : « La technologie ne suffit pas à faire une innovation réussie. L'innovation à succès est une recette difficile à trouver : elle doit être réalisable techniquement, viable économiquement, mais aussi désirable ». En somme, il ne suffit pas d’avoir développé le produit ou service technologique parfait, encore faut-il convaincre les personnes de l’utiliser.

 

Des compétences humaines de plus en plus recherchées

Plus la société se digitalise, plus le besoin d’humain derrière la technologie se fait ressentir. C’est déjà ce que constatait en 2017 Agnès Hussherr, associée en charge du capital humain chez PwC, dans un article pour Le Monde : « La place prise par l’intelligence artificielle, l’automatisation ou les robots va rendre les qualités humaines encore plus importantes pour les entreprises dans le futur ». Des qualités que les profils littéraires sont amenés à développer durant leurs études de lettres ou de sciences humaines ou sociales (SHS). Demandant une grande rigueur, ces disciplines conduisent aussi à aiguiser des capacités d’analyse et d’argumentation, des qualités rédactionnelles, l’esprit critique, la réflexion stratégique et permettent d’enrichir sa culture.

Ces études permettent également de maîtriser les soft skills dont certaines, particulièrement recherchées par les recruteurs, sont réputées comme difficiles à trouver telles que l’estime de soi, l’innovation, la capacité d’adaptation, la communication et la créativité. Selon une étude menée par le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), les personnes qui, durant leur cursus universitaire, ont appris à développer ces compétences s’inséreraient mieux dans le monde professionnel.

 

"Dans le domaine du numérique, par exemple, être littéraire a la cote. Les compétences de ces profils, et notamment leurs plumes acérées, sont recherchées pour rendre les services technologiques attractifs."


Innover en misant sur des profils atypiques

Les profils littéraires sont certes moins répandus en entreprise, mais ils peuvent apporter un vent de fraîcheur et un regard neuf et différent sur des sujets stratégiques. Anne Chutczer, déléguée générale d’Atout Jeunes Université témoigne : « Ce qui intéresse les entreprises dans les projets tutorés avec les littéraires ou les sciences humaines et sociales, c’est qu’ils peuvent croiser des filières différentes. Ces étudiants donnent des réponses originales, à l’inverse des étudiants en école de commerce, qui utilisent tous des outils marketing de type SWOT (acronyme anglais de Strengths, Weaknesses, Opportunities, and Threats, en français « forces, faiblesses, opportunités, menaces ») et dont les réponses sont toujours les mêmes ».

Un profil littéraire, moins « formaté », peut donc être un véritable atout sur le marché du travail. Par exemple pour créer les contenus des sites web et réseaux sociaux, véritables vitrines de la vie de l’entreprise. Pour les alimenter tout en se démarquant, il peut être intéressant de recourir à des profils différents, polyvalents et capables de définir et mettre en œuvre des stratégies de communication efficaces qui sortent du lot. Mais il peut aussi être tout à fait pertinent d’embaucher un profil littéraire pour des postes réservés habituellement à des profils sortants d’écoles de commerce.

Nos voisins britanniques l’ont bien compris. Il est fréquent que des personnes, ayant suivi un parcours en lettres ou SHS, occupent des postes dans le conseil ou la finance. C’est le cas, par exemple, de Karina Robinson, une ancienne journaliste qui, après avoir passé plusieurs années dans une rédaction, est devenue analyste financière dans une banque d’investissement britannique. Dans un article publié par le Financial Times et repris par Courrier international, elle explique combien ces profils littéraires, capables d’une grande transversalité dans leur approche, sont précieux pour le monde de la tech et de la finance, surtout pour faire face aux défis actuels.

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