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« Notre objectif est de lier l'inclusion numérique au développement économique et territorial »

L'association « Diversidays » promeut le numérique comme un « accélérateur de diversité ». Pour ce faire, elle soutient les porteurs de projets innovants. Alban Tiberghien est de ceux-là, nous sommes allés à sa rencontre.

Publié le  28/07/2020

Comment s'est déroulée votre participation aux Diversidays, et que vous a-t-elle apporté ?

Avant l'événement, qui s'est déroulé fin 2018 à Toulouse, nous avions passé une semaine de préparation avec coaching, média training, et ce genre de choses. Les personnes comme nous ont l'habitude de porter des projets, mais pas forcément de bien les vendre. A Toulouse, nous avons parlé devant une tribune de près de deux cents personnes, une expérience impressionnante.

D'autant plus pour moi qui suis en territoire hyper-rural, à trois cents kilomètres de Toulouse, en Lozère. Cela m’a permis de donner un bon coup de com' sur ce que je faisais, mais aussi sur ce qui se passait sur le territoire. De montrer le positif, et également les points difficiles. Cela a été l’occasion aussi de se faire d'autres contacts avec d'autres porteurs de projets de la région, nous nous sommes constitués un petit réseau.
 

Quel est le projet de l'association Num'n coop, dont vous êtes président ?

L'objet de l'association, c'est de rendre le numérique accessible pour tous et partout, et pour nous c'est en Lozère. Nous nous adressons au grand public, tout en nous focalisant plus particulièrement sur les publics fragiles. Nous travaillons beaucoup avec les jeunes en insertion, les seniors, et essayons aussi d’atteindre le public des personnes en situation de handicap. Au fil du temps, je commençais à m'essouffler, en menant cette initiative seul sur ce territoire. J'avais déjà une expérience de dix ans dans la conduite de ce projet, mais en ville. Mon message "Diversidays" a consisté à dire qu'il fallait passer à l'échelle car, dans une zone rurale, mener tout de front seul devenait épuisant. Depuis, nous avons donc précisé le message de l'association, nous sommes deux dirigeants bénévoles et avons embauché un salarié à plein temps pour pérenniser notre action.
 

Comment vos actions sont-elles financées ? 

Sur cette première année de stabilisation de l'activité depuis l'événement, nous avons travaillé en partenariat avec la médiathèque départementale de la Lozère, qui nous donne un point d'entrée dans toutes les bibliothèques municipales. Celles-ci travaillent avec les écoles locales et avec les centres de loisirs. Cela représente un tiers de notre activité. Le deuxième tiers, c'est notre travail de médiation numérique pour un public senior de plus de soixante ans, qui est financé en Occitanie par l'inter-régimes, créé par les caisses de retraite (Carsat, MSA, Agic-Arrco). Le dernier tiers de notre activité est davantage commercial, nous vendons un catalogue d'ateliers auprès de différents partenaires, par exemple les foyers ruraux ou les centres de loisirs. Nous y allons pour compléter leurs animations. 

Et dans le public que vous accompagnez, est-ce qu'il y a une part de demandeurs d'emploi ?  

Chez les publics jeunes, oui. Les jeunes en insertion, ce sont souvent des jeunes de moins de 25 ans issus de la mission locale, en échec scolaire ou en réorientation. 
 

Vous travaillez également comme indépendant, par ailleurs ? 

A côté, j'ai ma société, je suis formateur dans une Ecole régionale du numérique en Occitanie, qui fait partie, au niveau national, du label "Grande école du numérique". La promesse est de vous former en un an pour devenir développeur web junior. Le public, ce sont des jeunes en insertion, des seniors en reconversion professionnelle, et des femmes, qui sont clairement sous-représentées dans la discipline.

C'est un programme qui existe depuis quatre ans en Lozère, et qui va se poursuivre sur les années à venir. J'ai rencontré énormément de jeunes qui étaient complètement perdus et qui se sont raccrochés à une activité professionnelle à travers cette formation. Ils se sont découvert une passion, et à l’issue du programme, ils se sont insérés professionnellement. 
 

Est-ce que vous pensez que l'inclusion numérique peut être un levier important pour l'emploi local ? 

Oui, j'y crois dur comme fer, surtout sur un territoire où l'écosystème numérique ne demande qu'à s’étendre. En sensibilisant et en accompagnant tout le monde sur le numérique, des vocations se créent forcément. Après, c'est la question de l'œuf et la poule : s'il y a des profils qui recherchent des jobs, il y aura des entreprises qui s'installeront, et dans les entreprises qui s'installeront, nous formerons des profils pour pourvoir les postes.

Ce cercle vertueux n'est pas encore atteint, nous y travaillons depuis trois ans. Mais c'est bien l'objectif en effet : essayer de lier l'inclusion numérique, qui est un sujet très social, à un développement économique et territorial. Même si les pouvoirs publics ont tendance à tout siloter, parce que c'est plus facile en termes de réflexion, nous avons vu dès le début le lien évident et la continuité.
 

Donc cela va plus loin que la dimension technique, c'est aussi remettre du liant entre des personnes qui ne se comprennent pas par rapport à certains usages ?

Dans la majorité des cas, le numérique n'est qu'un outil, voire un prétexte. Il est devenu fondamental dans notre société, c'est notre cœur de métier, mais nous sommes là pour autonomiser, pour redonner de la créativité à chaque personne, pour mettre autour de la table des gens qui ne se connaissaient pas avant. Et nous, notre arme, c'est le numérique. 
 

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