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L’essor des protéines végétales, un défi pour l’industrie agroalimentaire

SEMAINE DES MÉTIERS DE L’AGROALIMENTAIRE. La demande croissante d’aliments à base de protéines végétales fait émerger de nouvelles filières. Soutenus par le plan d’investissement France 2030, de multiples acteurs économiques dessinent l’agriculture de demain et renforcent la compétitivité de nouveaux produits alimentaires qui contribuent à la transition agroécologique en cours. Et aux recrutements de demain.

Publié le  10/11/2023

Encadré en bref

 

  • La France est la 2ème industrie agroalimentaire d’Europe.
  • Le plan d’investissement France 2030 a alloué 2,3 milliards d’euros aux transitions agricoles et alimentaires, dont une enveloppe de 120 millions d’euros pour le développement des protéines végétales. 
  • 4 %, c’est la part des légumineuses à graines, des fourragères et de la luzerne déshydratée dans la surface totale des grandes cultures françaises. Dans moins de dix ans (2030), les surfaces seront doublées pour atteindre 8 % de la surface agricole utile, soit 2 millions d’hectares.
  • La demande en protéines végétales devrait augmenter de 43 % d’ici 2030. 
  • En Europe, les investissements dans les protéines alternatives ont augmenté de 17,8 % en un an en 2021 (rapport DigitalFoodLab).

En tant que premier maillon de la chaîne alimentaire humaine et animale, les protéines sont la pierre angulaire de notre agriculture et constituent un levier massif pour amorcer la troisième révolution agricole qui sera fondée sur l’innovation technologique et le respect du vivant. Plus concrètement, face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et imprévisibles, à l’accroissement de la population mondiale qui s’élèvera à 10 milliards d’humains en 2050, et à des ressources naturelles en tension, la nécessité de diversifier nos ressources protéiques relève de l’urgence. 

Au sortir de la crise sanitaire, la prise de conscience d’un manque d’autonomie de la France dans la production d’huiles et de protéines végétales a enclenché la mise en œuvre de dispositifs de soutien pour l’émergence et la structuration de nouvelles filières agroalimentaires. Préparer l’alimentation saine et durable de demain et affermir, par l’innovation, l’attractivité de secteurs clés de notre économie d’ici 2030 est le défi qui se pose à l’industrie agroalimentaire végétale. 

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La protéine végétale, un enjeu phare pour la France de 2030

Dans le cadre du plan de relance France 2030, une stratégie nationale pour le développement des protéines végétales, dotée de plus de 120 millions d’euros auxquels s’ajoutent les fonds du 4e Programme d’investissement d’avenir (PIA4) et de Bpifrance, a été lancée par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation en décembre 2020. L’objectif est clair : la stratégie prévoit une hausse de 40 %, en deux ans, des espaces semés avec des espèces riches en protéines végétales (les légumineuses comme le soja, les haricots, les pois chiches, les lentilles ; les oléagineux tels que le colza, le lin, le tournesol ; et les plantes des légumineuses fourragères, telles que la luzerne). 

Les dispositifs prévus par le plan de relance répondent à quatre défis majeurs. Le renforcement de la souveraineté protéique du pays d’abord, encore trop dépendant des importations de soja et autres fourrages provenant d’Amérique du Sud, qui participent, par ailleurs, à la déforestation et à la dégradation d’écosystèmes naturels. La diversification et l’optimisation de la production de protéines végétales ensuite, d’autant que la demande d’aliments à base de protéines alternatives connaît une forte croissance. Troisième défi : l’évolution des modes de consommation vers des produits locaux et de qualité, posant à la fois des questions d’ordre nutritionnel et au niveau des impératifs climatiques. Sur le plan économique enfin, l’émergence de nouvelles filières agricoles et alimentaires devrait contribuer à créer de nouveaux débouchés pour les producteurs de légumineuses, et à positionner les entreprises du secteur parmi les leaders de ce champ d’innovation. 
 

Des projets collectifs au service d’une innovation permanente 

De l’amont agricole à l’aval industriel, la filière des huiles et protéines végétales couvre un champ de métiers très diversifiés et en perpétuel renouvellement. L’État mise précisément sur la création de passerelles entre le public et le privé, entre l’industrie agro-alimentaire classique et les expérimentations scientifiques de l’agroécologie pour accélérer la « végétalisation » du secteur. À cet égard, le projet collectif AlinOVeg « Innover en alimentation d’origine végétale », doté d’un budget de 11,4 millions d’euros, et soutenu par France 2030 dans le cadre de l’appel à projets opéré par Bpifrance « Besoins alimentaires de demain », réunit des acteurs tels que Roquette, Agri Obtentions, Eurial, Greencell, l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et l’Université Lumière Lyon 2, pour mettre au point une filière française de sources végétales (protéines de pois et de féverole), et proposer des solutions alternatives aux produits laitiers. 

Établie à Lestrem, dans les Hauts-de-France - région leader dans la culture des protéines végétales -, l’enseigne Roquette pilote ce consortium. Avec plus de quarante ans d’expérience dans la recherche et le développement sur les protéines végétales, le groupe familial est idéalement placé pour identifier les sources protéiques les plus nutritives à faible impact environnemental, mais aussi pour générer de nouveaux marchés. En investissant le terrain de la production d’ingrédients végétaux servant la pharmacie, la cosmétique et surtout l'industrie agroalimentaire, Roquette a doublé sa rentabilité. Selon Jean-Marc Gilson, Directeur général du groupe, les protéines végétales fournissent à l'industrie agroalimentaire « l'opportunité de créer des gammes entièrement nouvelles. C'est dans la protéine de pois qu'il y a le plus grand nombre de dépôts de brevets. Il y a une vraie frénésie de développement des entreprises sur ce segment ». 

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La Foodtech : des start-up innovantes convoitées par les investisseurs 

La Vie, HappyVore, Hari&Co, Les Nouveaux Affineurs, Kokiriki, Onami Foods… Les start-up françaises stimulent, elles aussi, la dynamique d’embauche du secteur agroalimentaire. Et accélèrent le tempo du développement de l’offre végétale, en occupant, notamment, le terrain de la food science (nourriture scientifique). Fortes de technologies et de savoir-faire de pointe, ces jeunes pousses ensemencent la recherche en développant des produits ou ingrédients à base de protéines alternatives (similinuggets, simililardons, burger 100 % végan, fromage végétal etc.). 

Parce qu’elles allient les enjeux environnementaux, éthiques et sanitaires actuels à une volonté d’améliorer les propriétés sensorielles (goût, texture, odeur) des substituts végétaux qu’elles produisent, ces « entreprises à impact » sont un puissant facteur d’innovation dans le secteur agroalimentaire, et bénéficient d’un fort soutien de la part des investisseurs. 
 

Umiami : le spécialiste de la viande végétale qui génère et relocalise l’emploi

Umiami, start-up française implantée à Villebon-sur-Yvette (91) et spécialisée dans les filets de volaille 100 % végétaux, est emblématique de cette synergie gagnante entre innovation foodtech (technologie alimentaire) et confiance des investisseurs, à l’origine de multiples offres d’emploI. Pionnière dans la mise au point d’un nouveau procédé de texturation des protéines végétales (« l’umisation »), cette start-up créée en 2020 par Martin Habfast et Tristan Maurel, a levé, en octobre 2023, 32,5 millions d’euros, auprès des investisseurs Sociétés de projets industriels (SPI) et French Tech Seed, gérés pour le compte de l’état par Bpifrance, et avec la participation d’Astanor Ventures, Redalpine, Newfund et VERSO Capital. 

Si elle a pour objectif clé de se positionner comme le leader mondial du poulet végétal, la start-up s’appuiera sur cette levée, début 2024, pour lancer son usine sur le site alsacien de Duppigheim, ancienne propriété d’Unilever. « Nous l’avons complètement rénové, indique Martin Habfast. Nous y avons installé une ligne de production. La nouvelle levée de fonds va nous permettre de procéder à son démarrage et d’atteindre une capacité de production de 7 500 tonnes ». Soutenue par l’État à travers le plan de relance France 2030, l’entreprise consolide ainsi son engagement pour la réindustrialisation du territoire et la création d’emplois locaux.

Indissociable des enjeux de santé humaine et planétaire qui bouleversent les paradigmes agricoles du XXe siècle, la jeune filière des protéines d’origine végétale est devenue un atout économique à part entière de l’Industrie agro-alimentaire, et ouvre le champ des possibles en matière d’alimentation alternative.    

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