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« Pôle emploi co-finance la formation de nos futurs conducteurs et nous assure de leur engagement. »

Le secteur du transport routier de voyageurs souffre de pénurie de main d’œuvre. Jean-Baptiste Fontan, Directeur Général des voyages Arnaud, dans le Vaucluse, nous explique comment il collabore avec Pôle emploi pour trouver des solutions à ses enjeux de recrutement et de formation.

Publié le  06/06/2023

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Présentez-nous les Voyages Arnaud.

Jean-Baptiste Fontan : Voyages Arnaud est spécialisé dans le transport routier de voyageurs, qui comprend les scolaires, les lignes régulières (transports interurbains), les touristes (voyages organisés). L’entreprise opère depuis 102 ans dans le Vaucluse, à Sorgues, Carpentras, L’Isle-sur-la-Sorgue, Orange, Avignon… Nous travaillons pour la Région Sud, les mairies, les associations. Nous avons 160 collaborateurs dans l’entreprise et un parc de 145 cartes grises (du véhicule 5 places au car de 63 places).
 

À quels enjeux de recrutement êtes-vous confronté ?

J-B. F. : C’est la survie de l’entreprise qui est en jeu. Depuis la crise sanitaire provoquée par la Covid-19, nous n’avons pas pu assurer certains services, faute de conducteurs. Ces difficultés de recrutement ont des impacts réels : des enfants sont pénalisés, des collectivités sont amputées d’un service public essentiel... Nous avons donc redoublé d’efforts pour pallier à ces problèmes. Nous avons notamment multiplié nos canaux de sourcing et formé plusieurs demandeurs d’emploi au permis D pour qu’ils deviennent conducteurs.

Depuis janvier 2022, nous avons recruté et envoyé en formation une quarantaine de conducteurs. La moitié d’entre eux ont obtenu leur permis D et ont été embauchés en septembre dernier, juste à temps pour la rentrée scolaire. Depuis 10 ans, nous recrutons en moyenne 30 conducteurs par an. Cette pénurie exceptionnelle de conducteurs implique que l’on soit tous mobilisés sur les services à exécuter, de l’atelier en passant par l’exploitation, jusqu’à moi ! 

 

Les conseillers Pôle emploi sont réactifs et pros. Ils nous envoient des profils adaptés et de façon suivie car nous les rencontrons chaque mois. Ils connaissent nos besoins.


À quoi ces difficultés sont-elles dues ?

J-B. F. : Le métier de conducteur routier de voyageurs est historiquement un métier en tension, bien avant la pandémie. Ce métier ne bénéficiait pas d’une filière dédiée, comme le CAP spécifique de conducteur routier de marchandise accessible après la troisième et dès l’âge de 18 ans. Autrefois, c’était un poste ouvert à partir de 21 ans, mais les choses changent depuis peu et il est possible désormais de conduire un véhicule avec un nombre de places limitées à partir de 18 ans.

L’attrait est aussi parfois parasité par des faits divers, quand des conducteurs sont victimes d’agressions. Les médias se font l’échos de ces cas négatifs mais omettent de citer le quotidien sans histoire de beaucoup de conducteurs. Il nous faut donc sans cesse, à l’échelle de notre territoire, convaincre les demandeurs d’emploi ou prospects intéressés que c’est un métier au service des personnes qui comprend beaucoup d’aspects positif dans les échanges humains au quotidien. 

 

Quels effets a eu la crise sanitaire sur le secteur ?

J-B. F. : La crise sanitaire a rebattu les cartes. Les salariés ont réfléchi à leurs aspirations, certains sont partis, d’autres sont arrivés. Il y a chez certains une recherche de sens quant à leur métier, et il semblerait que ce que nous pouvons leur offrir réponde à leurs nouvelles attentes. C’est un métier de contact avec les clients, et de service. Ainsi, sur notre territoire, nous avons connu un fort intérêt de la part de personnels soignants en reconversion. Autre point important, certaines personnes ont remis leur vie privée au premier plan.

Comme conducteur, nous avons des horaires fixes sur les transports de voyageurs (le matin tôt, le soir entre 18 h et 19 h 30). Cette amplitude horaire importante impacte l’organisation de la vie de nos salariés. Nous avons donc réagi en proposant des temps partiels qui portent sur des créneaux plus resserrés, le matin ou l’après-midi. Cela intéresse les personnes qui valorisent davantage leur vie privée. Des femmes en situation de retour à l’emploi, autour de 40-50 ans, privilégient notamment ce contrat. 

 

Quels profils recrutez-vous ? 

J-B. F. : Nous recrutons des personnes âgées de 21 ans et plus, titulaire d’un permis B (boîte manuelle) et d’un titre professionnel obtenu après une formation de trois mois. Pour assurer le transport des passagers, les  conducteurs d’autocar, doivent avoir un permis D poids lourd, et avoir suivi une Formation Initiale Minimum Obligatoire.

Quelles qualités doivent avoir ces professionnels ?

J-B. F. : Ils doivent faire preuve de sang-froid, être calmes, avoir de la rigueur et être capables de témoigner de l’attention aux autres. Nous avons besoin de jeunes pour les métiers de conducteurs, mais nous ciblons aussi beaucoup les profils de 40 ans et plus, des personnes qui ont une certaine expérience de la vie et une première carrière derrière eux. Dans votre quotidien de conducteur, vous êtes confronté à des situations qui nécessitent de rester posé et concentré : dépasser un vélo, gérer des clients, communiquer avec les automobilistes...

Nos effectifs sont à 32 % féminins. Ce chiffre augmente, et pour cause : de nombreuses femmes autour de 40-50 ans s’intéressent au métier de conducteur. Je me rappelle d’une formation en avril dernier qui comptait 10 femmes pour 2 hommes. Sans tomber dans les clichés, leurs profils sont recherchés car elles sont nombreuses à être issues du service à la personne, et elles ont l’habitude de gérer des situations humaines avec acuité.

 

Comment Pôle emploi vous accompagne-t-il dans le recrutement et la formation ? 

J-B. F. : Nous avons une relation exceptionnelle avec Pôle emploi depuis 12 ans. Les conseillers font un travail remarquable de sourcing des profils, car ils connaissent nos besoins et les qualités nécessaires pour exercer nos métiers.

Je viens de présenter Voyages Arnaud et nos métiers aux demandeurs d’emploi lors des réunions d’information collective. Une approche directe qui nous fait gagner beaucoup de temps en recrutement, car les profils sélectionnés dès cette étape sont justes. Bien renseignés sur la mission, le salaire et les horaires, les demandeurs d’emploi s’engagent en connaissance de cause et viennent passer un entretien individuel avec nous. Je les envoie ensuite en formation et, si tout se passe bien, je les embauche en CDI. Bien les suivre lors de la phase de formation est essentiel afin de s’assurer qu’ils sont en adéquation avec les valeurs de l’entreprise ou du métier. Quand on embauche, on est sûr de l’engagement du conducteur. Une fois dans l’entreprise, ils sont bien encadrés par un stage et un examen final, et suivis par un tuteur. Tout cela a pour but de les rassurer dans leur prise de poste. 

 

Quel est l’impact de l’accompagnement de Pôle emploi ? 

J-B. F. : Il est énorme. Nous recrutons via deux dispositifs : l’Action de Formation Préalable au Recrutement et la Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle. Pôle emploi co-finance ainsi la formation de nos futures recrues et nous assure de leur engagement. Nous avons l’obligation de les embaucher à la suite du processus, et ils ont l’obligation de venir travailler chez nous. Comme tout se fait par étape, avec une formation adéquate et un encadrement de qualité, les personnes sont rassurées. Dans notre cas, des centres de formation dédiés assurent la formation aux titres professionnels et permis (AFTRAL, auto-écoles). 

Cerise sur le gâteau, si les demandeurs ou prospects ne sont pas sûrs de leur motivation, ils peuvent venir faire une immersion professionnelle d’une semaine dans l’entreprise (PMSMP). Cela constitue un déclic pour beaucoup.
 

Quelles sont vos méthodes de recrutement ?

J-B. F. : Hormis notre action avec Pôle emploi, nous travaillons notre visibilité. Nous allons à la rencontre des particuliers pour faire connaître nos métiers. On a créé un Job Bus Tour, un petit bus qui sillonne le Vaucluse dans lequel on reçoit demandeurs d’emplois et prospects. On communique aussi sur les réseaux sociaux de Voyages Arnaud, et on distribue des cartes postales avec des conducteurs et conductrices en action. Simple mais parlant. 

 

Avez-vous un exemple de parcours inspirant ? 

J-B. F. : Je pense à Jean-Michel, qui était conducteur routier dans lsa première partie de sa carrière. Sous l’influence d’un père survalorisant ce poste, il n’avait jamais osé franchir le pas vers le métier de conducteur de transport de voyageurs. Puis, il a passé le permis D et nous a rejoint chez Voyages Arnaud, en tant que conducteur de tourisme. Il est enchanté, c’est un passionné épris de contacts humains. Un bel exemple.

 

Voyages Arnaud en quelques chiffres


Autour de 30 conducteurs recrutés chaque année depuis 10 ans

32 % des conducteurs sont des femmes. Tendance à la hausse.

100 % des recrues conducteurs sont des personnes en reconversion.
 

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