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L’agroalimentaire au cœur de l’innovation

Face à un marché de l’emploi tendu qui entraîne des difficultés de recrutement, le secteur agroalimentaire se doit de plus en plus de faire connaître ses évolutions. Celle de ses métiers, comme de son organisation : c’est ce que s’efforce de faire Fleury Michon.

Publié le  17/11/2022

 

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Le secteur agroalimentaire, qui emploie en France près de 500 000 personnes, connaît des difficultés de recrutement supérieures à la moyenne. Ainsi, en 2022, elles sont estimées à 61,1 %. Antoine Belot, directeur des ressources humaines du groupe Fleury Michon, partage ce constat : « le marché du travail a beaucoup évolué en très peu de temps. Il est déjà très tendu, on a du mal à recruter. »


Parmi les métiers concernés figure notamment celui de technicien de maintenance, explique le DRH : « c’est un métier essentiel car il permet que les lignes soient en fonctionnement. C’est un métier technique, de formation bac +2, et il y a une vraie raréfaction des candidats sur le marché du travail ».


Ainsi, alors que pendant longtemps, le marché du recrutement pour Fleury Michon se concentrait autour de son siège de Pouzauges, en Vendée, le groupe est poussé à « élargir » son marché de recrutement à toute la France.


 

Des métiers qui changent

Pour le DRH, dynamiser le recrutement passe par un travail de communication à plusieurs niveaux : « il faut travailler avec les CPE dans les lycées pour expliquer ce que sont les métiers de l’industrie, et avec les parents parce qu’il y a un vrai déficit d’image des filières techniques », explique-t-il. Ce travail sur l’image est d’autant plus nécessaire qu’il s’agit de montrer des « métiers qui évoluent et demandent des compétences beaucoup plus fortes en automatisation, en programmation. On est passé de la clé à molette à la tablette tactile ».

Outre cette « digitalisation », de nouveaux métiers émergents sont ceux liés à l’usage des données ou data. Il s’agit de métiers pour gérer la présence numérique de l’entreprise, sur les réseaux sociaux, dans le e-commerce ou encore à des postes de data analystes. Enfin, un dernier domaine de compétences qui s’étend : celui du développement durable.

Pour faire découvrir les métiers tels qu’ils existent aujourd’hui, le groupe Fleury Michon travaille avec des écoles, pour pouvoir intégré des jeunes en stage ou en alternance, notamment dans l’espoir de « créer un attachement affectif chez eux » pour les garder. En 2022, cela se traduit par trente-sept contrats d’alternance dans l’ensemble du Groupe.

Dans le même objectif de dynamisation de ses recrutements, Fleury Michon s’appuie sur des actions menées avec Pôle emploi. Ainsi, au cours de la semaine de l’emploi agroalimentaire qui se tient du 14 au 18 novembre, l’entreprise va ouvrir les portes de trois de ses usines vendéennes : celle de Montifaut Jambons à Pouzauges, l’usine « Traiteur de la mer » située à Chantonnay, ainsi que l’usine « plats préparés », à Mouilleron-Saint-Germain.

 

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Évolution de carrière : la clé pour fidéliser

Pour caractériser Fleury Michon, le DRH aime à mettre en avant ce qu’il considère comme les « deux très grandes forces, historiquement ». D’une part, un investissement important dans la formation, à laquelle est consacrée 4,5 % de la masse salariale, et d’autre part, « une culture très forte de carrières riches et variées ».  Il évoque le cas du directeur de l’usine « traiteur de la mer », entré dans l’entreprise il y a 26 ans, à un poste d’opérateur en sortie de ligne, mais aussi « énormément de salariés qui ont progressé dans l’entreprise ». 

Afin de rendre visible la diversité des trajectoires professionnelles, le DRH évoque la réalisation d’un travail « pour représenter visuellement tous les parcours de carrière qui sont possibles dans l’entreprise ».

Il présente cette démarche comme la réponse à une aspiration émergeant de manière croissante dans les nouvelles générations : celle de pouvoir se projeter rapidement dans son évolution professionnelle. « C’est une demande nouvelle, qu’on n’avait pas chez les candidats et notamment les plus jeunes, et qui est de plus en plus importante, explique-t-il. Chez Fleury Michon, on peut facilement changer de métier. Et concrètement, dans les nouvelles fiches de poste à venir, il sera indiqué d’où on peut venir pour occuper ce poste-là, et qu’est-ce qu’on peut faire en le quittant. Pour représenter un poste dans une continuité. »

 

Lire aussi : L’agroalimentaire : des métiers pour tous les goûts

 

 

Travail et rythmes de vie : de nouvelles attentes à écouter

En ce qui concerne la notion de carrière, présente à l’esprit de chaque collaborateur, Antoine Belot a observé « un effet Covid, qui a amené chacun à se reposer la question de son rapport au travail. Aujourd’hui, la qualité de vie au travail et l’articulation entre le temps professionnel et le temps personnel sont devenues beaucoup plus importantes que par le passé ». 

Par exemple, il note que les candidats au poste de technicien de maintenance sont désormais plus nombreux à ne plus vouloir travailler en alternance entre le matin et l’après-midi. Souvent dans le but d’être davantage disponible pour leur famille, ils aspirent à travailler en journée, à des horaires plus stables. Aussi, l’organisation a « introduit un peu de flexibilité », en donnant la possibilité de travailler parfois en journée, sur certains sites. Malgré des marges de manœuvre réduites liées aux contraintes de production, Antoine Belot y voit un phénomène qui « pousse à réfléchir ».

Enfin, bien que le turn-over s’avère « relativement faible » chez Fleury Michon – de l’ordre de 8 %. Pour Antoine Belot, le défi est de pouvoir répondre à une grande hétérogénéité de rapports au travail et à l’entreprise : « nous savons que nous allons être confrontés à un changement culturel. Nous avons des salariés avec beaucoup d’ancienneté, ultra attachés à la Vendée, et puis il y a des gens qu’on va recruter maintenant, et qui n’imaginent pas une seule seconde faire toute leur carrière dans la même société. »


 

Nouveaux modes de travail

Dans le contexte d’un marché de l’emploi agroalimentaire particulièrement tendu, tant pour les postes d’ouvriers ou de techniciens que ceux de cadres, la question de la qualité de vie au travail devient un argument de poids : « les gens ont beaucoup d’offres donc ils sont plus exigeants. C’est devenu un marché de candidats », constate le DRH. Aussi, pour les attirer davantage en Vendée, la société s’efforce de plus en plus d’accompagner leurs aspirations.

Avant la période du Covid, le télétravail faisait l’objet de réflexions dans l’entreprise, mais c’est en juillet 2020 qu’il a été instauré chez Fleury Michon, avec un jour de télétravail par semaine, puis augmenté à deux jours possibles par semaine depuis décembre 2021. La mise en application est modulable. En matière de télétravail, le DRH souligne l’importance de laisser les services mettre en place leurs propres règles : ainsi, « tous les chefs de service ont défini leurs règles de service, par exemple pour que tout le monde soit là, le jour dédié aux réunions ».

La localisation du siège à plus d’une heure de route de Nantes a pu être un frein pour le recrutement de talents et à la fidélisation d’autres. Ainsi, début 2022, Fleury Michon a ouvert un « hub » de coworking à Nantes, en plein centre, près de la gare. Tous les métiers support peuvent ainsi bénéficier de ce lieu partagé avec d’autres entreprises. Celui-ci bénéficie à « des salariés cadres ou exerçant des fonctions support qui partagent les valeurs de Fleury Michon et qui ont envie de venir, mais qui pour des raisons de contraintes personnelles, ne sont pas prêts à venir s’installer en Vendée ». Ainsi, près de la moitié des salariés « recrutés pour des fonctions support cadre, s’installent dans le bassin nantais », le « hub » facilitant alors la conciliation avec un lieu de travail du conjoint situé dans le bassin nantais, et donc les recrutements.

Annabelle Farge Mulot a rejoint le Groupe en septembre 2020. Responsable marketing, chef du groupe « plats cuisinés », elle fait partie des nombreux travailleurs qui, à la faveur des périodes de confinement et de télétravail, ont envisagé un projet de vie en province. Pour elle, l’ouverture du « hub Fleury » ainsi que les deux jours de télétravail représentent un vrai « plus ». Depuis le début de l’année, au service marketing, les salariés y vont au moins un jour par semaine et y travailler est considéré comme un jour de bureau, ce qui réduit le nombre de jours passés à Pouzauges à deux. Ainsi, la règle est désormais de passer trois jours sur site dont au moins deux à Pouzauges, les salariés habitant le bassin nantais préférant naturellement passer leur troisième journée sur site au hub, et réduire ainsi leurs temps de trajet.

Cette organisation suscite également une évolution du collectif de travail. N’appréciant pas beaucoup l’absence du collectif que le télétravail peut installer, la responsable marketing apprécie le fait de retrouver un autre collectif, lui permettant de côtoyer des personnes d’autres services, avec lesquelles il lui arrive de déjeuner. Pour elle, « le hub est un vecteur d’échanges assez fort. » Une observation que fait également Antoine Belot, constatant de nombreux retours positifs sur cette possibilité qu’offre le hub de croiser les salariés d’autres services.

Étant avec ses collègues deux jours par semaine quand elle est à Pouzauges, Annabelle Farge Mulot compense la distance par la mise en place d’échanges quotidiens permettant d’entretenir le lien.

 

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