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Le champ des possibles du bureau de demain

Le futur du travail continue de s’écrire deux ans après la bascule dans le nouveau monde. Tour d’horizon.

Publié le  20/09/2022

L’avenir du « bureau » semble toujours en pleine construction. Certains salariés aspirent à y revenir sous réserve de pouvoir vivre de nouvelles expériences plus informelles et innovantes, quand d’autres font du télétravail leur nouvelle norme. La flexibilité devient alors le maître-mot de la culture d’entreprise. Le bureau tel qu’on l’a connu s’estompe pour laisser place à des lieux, des modes de travail protéiformes. Un changement de paradigme qui prend de l’ampleur et pousse les entreprises à prendre les choses en main.

Le bureau physique sera flexible et humain, ou ne sera pas

En 2021, le groupe Orange inaugurait « Bridge », son nouveau siège social. Présenté par l’entreprise elle-même comme étant le « premier siège social à avoir ouvert ses portes dans le monde d’après », cet espace, répartit sur quelques 56 000 m², a été conçu autour des nouveaux besoins et usages des salariés. Hyper connectivité du bâtiment, bureaux sous forme de mezzanines ou terrasses et atrium végétalisé, tout est fait pour offrir aux collaborateurs une expérience plus agréable, adaptée et informelle.

La firme américaine Google a quant à elle choisit de repenser une partie de ses bureaux au profit d’espaces plus chaleureux, à l’aide de dispositifs modulables à l’envi, d’endroits plus confidentiels qui viennent remplacer les successions d’open spaces à perte de vue, et les classiques réunions d’équipe sont désormais remplacées par des discussions en plein air ou autour d’un feu de camp. Codility, plateforme américaine de recrutement, a laissé ses collaborateurs imaginer et expérimenter leurs bureaux de demain, avec l’objectif de concevoir des espaces adaptés à tous les profils de l’entreprise. 

Ces trois exemples illustrent bien les mutations post-pandémie. Dans ce monde d’après, la place du travail et du bureau est fortement remise en question par bon nombre de salariés qui aspirent à se sentir bien sur leur lieu de travail, et privilégient les espaces de bureaux plus responsables, accueillants, conviviaux, humains, flexibles. Raisons pour lesquelles Orange, Google, Codility et tant d’autres planchent sur ce que doit être le nouveau bureau physique, celui capable de répondre véritablement à ce que veulent les collaborateurs d’aujourd’hui et de demain. Preuve de cette réflexion en marche : selon LinkedIn 81 % des dirigeants proposent déjà des espaces repensés.
 

Le lieu, plutôt que l’espace de travail

Si certains n’abandonneraient le bureau physique pour rien au monde et pratiquent le travail hybride avec parcimonie, c’est un fait, le télétravail est plus que jamais entré dans les mœurs. Encouragé par les grandes entreprises – Apple, Dropbox, Adobe, Facebook ou encore Atlassian ont instauré des politiques de télétravail de longue durée – et plébiscité par une large partie des salariés ; selon une étude de Gartner, 48 % des employés sont désormais susceptibles de travailler à distance au moins une partie du temps. Le télétravail est donc un franc succès. Mais qui dit télétravail ne dit pas forcément travail depuis son domicile et de plus en plus d’études s’accordent à dire que ce n’est plus l’espace de travail qui compte, mais le lieu.

Le cabinet Deloitte parle ainsi d’adaptive workplace, que l’on pourrait traduire par « lieu de travail adaptable », un principe qui repose sur l’idée de pouvoir travailler là où nous sommes le plus productifs, peu importe l’endroit. Aussi appelé « productivity anywhere workforce », ce modèle permet aux collaborateurs de choisir leur(s) lieu(x) de travail au profit de plus de bien-être et d’une productivité renforcée. Des propos corroborés par le groupe Accenture qui estime que 85 % des salariés qui ont l’opportunité de choisir leur lieu de travail sont plus à même de rester longtemps dans leur entreprise, et que 63 % des entreprises en forte croissance pratiquent ce concept d’adaptive workplace. 

Un concept qui entre en résonnance avec l’envie croissante de nombreux salariés de tenter l’aventure du télétravail à l’étranger, envie qui au fil du temps remporte aussi les suffrages de certains employeurs. Selon une étude de l’expert en assurance Coface, nombreuses sont les sociétés qui pourraient ainsi se laisser séduire par un modèle de télétravail partiellement basé à l’étranger. Rien qu’aux États-Unis, 36 % des entreprises sont prêtes à sauter le pas. Depuis janvier 2022, l’expérience « Work You World » imaginée par Publicis, s’inscrit aussi pleinement dans cette démarche : tous les collaborateurs du groupe peuvent dorénavant expérimenter le travail depuis un autre pays, six semaines par an. 
 

Poser ses valises à l’hôtel… pour télétravailler

Sans aller jusqu’à l’autre bout du monde, les nouveaux modes de travail peuvent nous faire voyager d’hôtel en hôtel. Plus inattendue mais pas moins pertinente, cette tendance est portée par les grands acteurs du secteur du tourisme qui ont su se saisir des opportunités qu’offrent travail hybride et flexibilité pour faire émerger ce qu’on appelle l’« hotel office ». La promesse ? Proposer une alternative au télétravail depuis chez soi, avec une expérience qui allie bureau, confort et loisir.

Pour ce faire, les hôtels s’équipent en nouvelles technologies et ouvrent leurs espaces aux salariés le temps d’une journée, d’une semaine ou d’un week-end prolongé, à l’instar des hôtels du groupe Accor dont les chambres sont accessibles aux télétravailleurs de 9h à 18h. Pour la chaîne hôtelière, il s’agit de proposer une « version améliorée du télétravail », un endroit où les collaborateurs n’ont plus à se soucier de rien et peuvent se concentrer pleinement sur leur travail. 

L’hotel office entend aussi répondre aux enjeux du travail collaboratif et plusieurs établissements transforment une partie de leurs espaces communs en espaces dédiés au coworking, offrant les mêmes niveaux de prestation que les coworkings conventionnels. 
 

Nouvelles aspirations : sommes-nous vraiment tous concernés ?

Selon Coface, 160 millions d’emplois seraient réalisables en télétravail dans les économies à revenu élevé. Un constat largement applicable aux secteurs de la tech, des médias et de la finance, comme l’indique une étude LinkedIn dédiée à des entreprises américaines. Dans une moindre mesure, cela s’applique aussi à certains métiers de la grande distribution, du tourisme ou des loisirs, notamment du fait de l’avènement du e-commerce. En revanche, plusieurs secteurs sont peu, voire pas, en capacité d’offrir à leurs employés des alternatives au travail en présentiel.

Une étude réalisée par Accenture révèle à ce titre que les collaborateurs ayant conservé leur travail sur site durant la pandémie continueront d’être à 100 % en présentiel dans le futur. Un phénomène qui touche les secteurs de la santé, des services à la personne, de l’enseignement, de l’hôtellerie-restauration, de la grande distribution ou encore celui du service public. 

Ce décalage pourrait à terme générer des distorsions, tout du moins des frustrations, entre les salariés passés au travail flexible et ceux toujours ancrés dans le monde du travail « classique ». Une raison de plus pour les entreprises de réinventer le bureau sous toutes ses formes ?
 

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